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possède les bords les plus étendus et les plus favorisés pour la navigation. Comment le gouvernement espagnol a-t-il relié entre elles toutes ces frontières terrestres ou maritimes et fait sillonner des extrémités au centre les voies transversales nécessaires à la circulation des produits indigènes et exotiques, à l’exportation des richesses du sol, à l’importation des denrées des colonies espagnoles ou des objets manufacturés à l’étranger ? Au lieu de l’écheveau serré qu’offrent la plupart des états européens, l’Espagne ne possède que deux ou trois grands tracés éloignés les uns des autres, le premier de Madrid à Bayonne avec deux embranchemens vers la Mer du Nord et des tronçons inachevés à l’ouest, un second ayant aussi Madrid pour point de départ, et d’où se détachent deux rameaux qui vont atteindre Cadix à droite, Alicante et Carthagène à gauche ; enfin à l’ouest la ligne de Madrid à Saragosse se relie à Pampelune au nord et à Barcelone au midi. Sans doute ces tracés ont été inspirés par une pensée sage, ils forment pour ainsi dire les artères d’un système nécessaire de communications par chemins de fer ; mais où sont les veines principales ? Que de vides à travers ces trois premiers canaux de la circulation ! Une ligne de ceinture parallèle à la Méditerranée, qui de Barcelone irait aboutir à Cadix par Valence, Alicante, Carthagène et Malaga, n’est pas même achevée. Enfin sur la plus importante de ces communications, de la mer à la capitale, c’est-à-dire de Cadix à Madrid, trois compagnies se partagent la possession de la ligne au grand détriment de l’unité de direction et de l’économie des dépenses.

A coup sûr, lorsque la guerre civile aura pris fin et que le gouvernement aura pu concentrer son attention sur les améliorations indispensables pour rendre au pays sa prospérité, la question des chemins de fer se présentera en première ligne. Il devra, comme nous l’avons fait nous-mêmes, constituer en deux ou trois grands réseaux (pour le moment deux suffiraient) les lignes créées jusqu’ici et se servir du crédit que possèdent les plus importantes des compagnies actuelles pour grouper autour d’elles les plus petites, et obtenir l’achèvement des embranchemens commencés ou en créer de nouveaux. Avec ce concours, l’état pourrait obtenir sans de bien grands sacrifices des résultats considérables. La compagnie des chemins de fer du Nord deviendrait le centre, auquel se rattacheraient toutes les lignes du nord et du nord-ouest. La compagnie d’Alicante réunirait toutes les lignes du centre et ; du sud, elle aurait le domaine entier de ces provinces méridionales, si exceptionnellement riches et des rivages méditerranéens, de l’Estramadure à la Catalogne. Ce plan, que les hommes les plus au courant des affaires de la Péninsule ont dès longtemps recommandé, paraît avoir