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LES
FINANCES DE L’ESPAGNE

La restauration de la monarchie en Espagne n’est pas malheureusement encore assez complète, et la guerre civile qui déchire quatre de ses provinces paralyse encore trop les forces nationales pour qu’il y ait déjà possibilité d’appliquer les remèdes nécessités par une crise qui dure depuis six ans. En ce qui concerne spécialement les finances publiques, ce n’est pas le moment de parler d’équilibrer le budget, d’augmenter les recettes, de régulariser les dépenses ; toutefois, comme ces questions ne s’improvisent pas, on ne trouvera peut-être pas inopportun de rechercher ce qu’ont coûté approximativement à un pays auquel nous attachent tant de liens étroits les vicissitudes dues à l’excès des passions politiques, et de mesurer la profondeur du mal afin de commencer, dès que le moment se présentera, la médication énergique sans laquelle la guérison reculerait indéfiniment. Dans quelle proportion les charges publiques se sont-elles accrues pendant cette triste période, et par contre dans quelle mesure les ressources ont-elles diminué ? C’est le premier point à établir. Y a-t-il moyen de revenir à une comparaison plus avantageuse entre les unes et les autres, sans aboutir à la banqueroute ? C’est la seconde et la plus intéressante question à poser. Et tout d’abord il faut bien reconnaître qu’en prenant pour point de départ la fin d’une royauté qui n’a pas été sans reproches, mais dont les ennemis personnels méritent encore plus qu’elle-même les sévérités de l’histoire, on n’entend point présenter le régime financier antérieur à cette catastrophe comme régulier et prospère. Bien souvent les lecteurs de la Revue ont été tenus au courant des embarras du trésor espagnol, des sacrifices imposés aux créanciers du dedans et du dehors, des combinaisons par lesquelles les arrérages de la dette