Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/693

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 mars 1875.

Quand l’assemblée nationale de France, par un effort aussi méritoire que laborieux, a eu mis au monde une constitution et un ministère, elle a senti le besoin du repos : elle a pris six semaines de vacances, comme pour laisser aux émotions le temps de se calmer, comme pour mettre un intervalle entre ce qu’elle venait d’accomplir et les décisions nouvelles qu’elle peut être appelée à prendre sur les complémens nécessaires de l’organisation publique ou sur sa propre existence.

L’assemblée était visiblement impatiente de quitter Versailles. Elle a essayé sans doute d’employer le mieux possible les derniers jours de la session d’hiver. Elle a tenu à ne point laisser en suspens la loi sur les cadres de l’armée, dont elle avait commencé l’examen. Elle l’a discutée, elle l’a votée, cette loi ; elle a remanié à une troisième lecture ce qu’elle avait fait, dans les premières délibérations, elle a changé encore une fois la composition des cadres de compagnies en supprimant de nouveaux capitaines qu’elle avait créés ; elle a ajouté à nos régimens un bataillon de plus, et en définitive elle laisse à M. le ministre de la guerre une œuvre assez incohérente, qui se ressent d’une certaine hâte, d’une certaine confusion d’idées. L’assemblée, avant de se séparer, a bien eu l’air aussi de vouloir aborder une proposition déjà ancienne, reprise récemment, et qui tend à suspendre les élections partielles des députés ; mais l’affaire devenait grave et pouvait soulever des questions assez délicates. La suspension des élections partielles conduisait notamment à préciser l’époque de la dissolution de l’assemblée tout entière, sous peine de laisser indéfiniment les intérêts du pays à la merci d’un parlement diminué ou modifié par le hasard de la mort. On allait droit au point difficile, et on s’est arrêté, le rapport ne s’est pas trouvé prêt. C’était trop pour une assemblée qui avait déjà la fièvre des vacances, qui semblait surtout préoccupée d’éviter les discussions ou les explications dangereuses. L’expédient de la séparation momentanée a tranché