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similitude de besoins, au lieu d’être une relation de parasite à plante nourricière.

Quant à la truffe noire par excellence, une expérience plusieurs fois séculaire à prouvé que la station ordinaire en est dans le rayon occupé par le système radiculaire d’arbres ou d’arbustes parmi lesquels les chênes à feuilles caduques ou feuilles persistantes occupent le premier rang. M. Chatin ne compte pas moins de trente-neuf de ces essences supposées truffières ; mais il reconnaît volontiers que la liste en est probablement trop longue, soit que des truffes autres que la mélanospore aient été confondues avec ce prototype du genre, soit que l’enchevêtrement des racines avec les arbres vraiment truffiers ait fait prendre pour tels des végétaux qui ne le sont pas. En employant ce mot truffier dans le sens d’arbre ou d’arbuste abritant les truffes (sans s’expliquer sur le caractère de l’association entre l’essence ligneuse et la cryptogame), on peut compter comme tels les chênes dont les noms suivent : 1° chêne kermès ou garouille des Languedociens, petit arbuste à feuilles vertes et piquantes, couvrant de ses touffes d’immenses friches ou garrigues rocailleuses, 2° le chêne yeuse, ilex des anciens, base des taillis de la région méditerranéenne, 3° le chêne pubescent, forme du chêne blanc à glands sessiles, la plus répandue dans le midi, et que M. Chatin assure également être la base des truffières naturelles et artificielles du Poitou et du Périgord. Dans ces deux provinces, on l’appelle chêne noir, tandis que c’est le chêne blanc pour les Provençaux. Lent dans sa croissance, mais adapté aux terrains arides, ce serait parmi les chênes à feuilles caduques l’essence truffière par excellence, tandis qu’une forme pubescente du rouvre à glands pédoncules, nommé chêne blanc dans le Loudunois, rechercherait les lieux frais et ne donnerait que peu ou pas de truffes. Viennent ensuite : 4° le chêne rouvre à fruits sessiles et à feuilles glabres, chêne noir dans quelques provinces, il aimerait les terrains secs et passerait pour essentiellement truffier ; mais M. Chatin le subordonne à cet égard à sa forme pubescente ou chêne blanc de Provence ; 5° chêne blanc à fruits pédoncules, à feuilles glabres, cité comme truffier en Poitou et en Périgord, mais douteux à cet égard à cause de sa prédilection pour les lieux frais. Il y faut ajouter le noisetier, le charme, le châtaignier (rarement, mais sûrement en quelques cas), le hêtre, le bouleau, le pin d’Alep et le pin sylvestre, l’épicéa, le cèdre, les genévriers, les rosiers sauvages ou cultivés, le prunellier, l’aubépine, le sorbier, la ronce et quelques autres plus douteux à l’égard de la production truffière. 3e supprime même de la liste le figuier, l’olivier et la vigne, parce que les truffes récoltées dans les vignobles et les vergers le sont le