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présentés au général de Galiffet pour l’assurer de leur intention de vivre en bonne intelligence avec les Français.


II

Ces deux expéditions semblèrent ranimer le goût éteint des explorations de cette partie de l’Afrique. Presqu’en même temps, à la fin de 1873, deux voyageurs français demandaient à la Société de géographie de Paris son appui moral et effectif. Le premier de ces voyageurs était M. Dournaux-Duperé, le second M. Soleillet, d’Alger.

Né aux colonies en 1845, M. Norbert Dournaux-Duperé avait été pendant plusieurs années commissaire de marine au Sénégal. Passionné pour les voyages, il s’éprit de l’idée d’accomplir à nouveau la traversée de René Caillié, d’Algérie au Sénégal. Ce projet, par lui sérieusement étudié, lui parut exécutable en partant d’Algérie. Le prix spécial fondé en 1855 par la Société de géographie de Paris n’avait pas encore été mérité ; M. Dournaux-Duperé rêva de le conquérir. Donnant sa démission de commissaire de marine, il partit pour Alger, et, comme il n’avait encore qu’une connaissance imparfaite de la lange arabe, il s’établit à Frenda, dans le sud de la province d’Oran, où il remplit pendant deux ans les modestes fonctions d’instituteur. Sûr de lui-même, il vint alors à Paris et se présenta à la Société de géographie, qui lui accorda une subvention de 2,000 francs. M. Duperé, ayant reçu pareille somme du ministère de l’instruction publique, quittait la France avec des notes très complètes dressées pour lui par M. Duveyrier. Il voulait se rendre à Timbektou en passant par Tougourt, par la vallée de l’Igharghar, par les monts Ahazgar et le Sahara méridional.

Débarqué à Philippeville en novembre 1873, il vit à son passage à Constantine M. Ismaïl Bou-Derba, interprète principal de la division de Constantine, un des voyageurs à Ghadamezi M. Bou-Derba communiqua à l’explorateur les dernières nouvelles du Sahara central apportées à Constantine par des marchands d’In-Çalah. Ces nouvelles étaient satisfaisantes : un calme relatif régnait dans le sud. M. Dournaux-Duperé arriva à Biskra le 22 novembre et poussa d’abord une pointe jusqu’à Ouargla. Le dernier voyage accompli dans cette direction avait été celui de Gerhard Rohlfs, dont le nom a été fort compromis dans les événemens dont l’Algérie fut le théâtre pendant la guerre avec l’Allemagne.

Depuis l’arrivée de la colonne du général de Lacroix, Ouargla paraît entrer dans une voie nouvelle de prospérité. Cette ville, qui eut jadis dans le Sahara une grande importance, qui s’intitule avec orgueil la ville la plus ancienne du désert, semble sous notre