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Ameur-el-Hadj, frère d’Ikhenoukhen, et cinq autres chefs touaregs. Les conférences commencèrent aussitôt et se poursuivirent pendant trois jours. Le 26 novembre était signée une convention dont voici les principaux articles :

1° Il y aura amitié et échange mutuel de bons offices entre les autorités françaises et indigènes de l’Algérie ou leurs représentans et les chefs des différentes fractions de la nation touareg.

2° Les Touaregs pourront venir commercer librement des différentes denrées et produits du Soudan et de leurs pays sur tous les marchés de l’Algérie, sans autre condition que d’y acquitter les droits de vente que paient les produits semblables du territoire français.

Voici les articles additionnels :

1° Conformément aux anciennes traditions qui règlent les relations commerciales entre les états du nord de l’Afrique et les différentes nations des Touaregs, la famille de cheik Ikhenoukhen reste chargée du soin d’assurer aux caravanes de l’Algérie une entière sécurité à travers tout le pays des Azgueurs… Toutefois les usages particuliers de garantie commerciale existant actuellement entre d’autres familles des Azgueurs et différentes fractions des Chambâa et du Souf restent maintenues. — 2° En raison de ces garanties de sécurité, il sera payé par les caravanes françaises ou algériennes allant au Soudan, à cheik Ikhenoukhen, ou à ses mandataires, ou enfin aux héritiers de son pouvoir politique, un droit qui sera réglé ultérieurement entre son excellence le maréchal gouverneur et le cheik…

Les membres de la mission militaire française quittèrent Ghadamez le 20 novembre, emportant avec eux un exemplaire du traité. Ali — Bey, caïd de Tougourt, qui était venu avec son goum les chercher à Ghadamez, les accompagna jusqu’à Biskra, où la mission arriva le 17 décembre.

Le but que se proposait le maréchal était atteint : la signature d’une convention commerciale avec les Touaregs assurait à nos négocians à travers les déserts la protection de ces maîtres redoutés. La France affirmait d’une manière solennelle sa puissance en Afrique, et les concessions qu’elle venait d’obtenir des chefs touaregs furent considérées dans ces pays comme un événement de la plus haute importance. On crut qu’un grand mouvement commercial allait suivre ; les chambres de commerce de Lyon et de Marseille manifestèrent l’intention de concourir aux explorations.

L’insurrection du sud éclata, le maréchal Pélissier mourut ; des questions d’un autre ordre occupèrent la colonie. Les tentatives en si bon cours d’exécution furent abandonnées ; bientôt on les oublia,