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Valachie. La somme totale des échanges du premier avec l’étranger, dans laquelle les importations prédominent aujourd’hui, s’est élevée de 27 millions 1/2 de francs en 1853, à 97 en 1871, puis est redescendue l’année suivante à 80 millions. Un accroissement très considérable aussi a été constaté dans le second, qui exporte toutefois beaucoup plus qu’il n’importe directement. Le mouvement de navigation le plus fort est celui d’Ibraïla, le trafic d’escale du fleuve y contribuant plus largement qu’à Galatz; cependant il s’est un peu réduit dans ces deux ports de 1872 à 1873, tandis qu’il va toujours en augmentant dans les échelles supérieures, notamment à Giurgévo et à Turnu-Sévérin, comme plus bas dans le port d’Ismaïl, malgré le désavantage naturel de la situation particulière de ce dernier. Le mouvement général de la navigation des ports roumains du Danube a présenté en 1873 un chiffre de près de 25,800 navires et 3,600,000 tonneaux, entrées et sorties réunies. Les pavillons qui dominent à la passe de Sulina, après celui de la Grande-Bretagne, qui opère à lui seul pour le moins les deux cinquièmes des transports maritimes, sont le grec, l’italien, l’autrichien et le turc. Il n’y vient que rarement des navires à voiles français, et parmi les bâtimens à vapeur autres que les paquebots faisant un service régulier, on n’en a compté la même année, à la sortie du Danube, que 42 appartenant à la France, pour 85 autrichiens et 300 anglais.

Les finances de la Roumanie ne redoutent pas l’examen. Avant l’union, la Valachie avait même dans les caisses publiques une réserve considérable, provenant d’un excédant de recettes, et la Moldavie n’était grevée que d’une dette insignifiante; mais en 1865, sous l’administration du prince Couza, moins économe que son prédécesseur Stirbey, un large déficit apparut, et l’année suivante le prince Charles, à son avènement, trouva le trésor vide. Il est vrai que ce vide s’expliquait en partie par la nécessité de pourvoir à des travaux publics qu’il n’était plus possible d’ajourner, et de faire face à d’autres besoins pressans, nécessité qui avait déjà mis le gouvernement sur la voie des emprunts; mais d’autre part l’état possède dans les immenses domaines qui sont devenus sa propriété un large fonds de garantie et une grande ressource, dont il ne s’agit que d’user habilement. Les ressorts de la fiscalité aussi, à l’égard de certains impôts du moins, sont encore en Roumanie moins tendus que dans la plupart des autres pays.

Dans le budget de 1874, le plus fort du nouvel état jusqu’à présent, la somme des recettes se trouve portée à 91 millions 1/2 de francs, et n’en présente pas moins un déficit de 5,708,000 francs. En comparant le budget de cette année avec celui de 1868, nous voyons que le produit des contributions directes s’est élevé de