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qu’elle n’importe, représentent surtout un commerce maritime, quoique de France il ne vienne par la voie de mer que des denrées coloniales et des vins. Or presque tous les articles manufacturés de l’Europe continentale importés en Roumanie empruntent le territoire austro-hongrois, les plus estimés, ceux de Paris et de Lyon, comme ceux de Vienne et de l’Allemagne. Pour Bucharest et la Valachie, on les remet à Vienne ou à Pesth aux bateaux de la compagnie danubienne, et en hiver aux chemins de fer hongrois qui les portent à Kronstadt, d’où on les réexpédie par le roulage jusqu’à Ploesti, où ils retrouvent le chemin de fer. Les colis qui ont Iassy et la Moldavie pour destination y arrivent en suivant les chemins de fer par Cracovie, Lemberg et Czernowitz. Malheureusement les frais de transport et la commission des intermédiaires y grèvent encore trop fortement les marchandises, ce qui rend la vie à l’européenne très dispendieuse en Roumanie. L’établissement des chemins de fer de Témeswar à Orsova et de Kronstadt à Ploesti ne manquera pas sans doute d’opérer un changement favorable dans ces conditions, et d’élargir ainsi que de faciliter dans le pays le débit des articles de France et d’Europe. Ce serait donc le moment de songer à établir en Roumanie des maisons de commission d’achat et de vente largement et solidement organisées pour l’exportation comme pour l’importation.

Voici pour le moment la participation des divers pays à l’approvisionnement de la Roumanie. La France y envoie la plus grande variété d’articles de luxe et de prix, l’Allemagne, la Suisse et l’Autriche, des lainages et des cotonnades, de la quincaillerie, de la bijouterie, de la parfumerie, des machines, des carrosses, des meubles, des tapis et d’autres articles de Vienne. Les Anglais y apportent surtout des lainages, des fers, de la houille, des denrées coloniales, les Hollandais du sucre et du poisson salé, les Grecs et autres Levantins les oranges, olives et fruits secs. L’importation des tabacs en cigares s’est élevée exceptionnellement en 1872, année de l’introduction du monopole de la régie, à 8 millions 1/2 de francs, en majeure partie de provenance turque. La Russie fournit des cuirs, du thé, des ouvrages en métaux. Si son commerce, dont les opérations consistent principalement en échanges avec les ports de la Bessarabie, est loin d’être aussi développé qu’on pourrait le croire, cela tient à la rigueur de son tarif et aussi à la grande similitude des produits de la Russie méridionale et de la Roumanie.

Le commerce de mer se partage presque tout entier entre Galatz en Moldavie, le port maritime par excellence, de tout temps favorisé par les arrivages du Séreth du côté de l’intérieur, ainsi que par la proximité de l’embouchure du Danube, et le port voisin d’Ibraïla en