Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/420

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

pour les remontes de cavalerie, est en pleine décadence. Ses représentans véritables sont devenus presqu’un mythe, comme les chevaux andalous; on n’en trouve plus, en Moldavie même, que dans les haras de quelques grands propriétaires. Quant aux chevaux valaques, ils sont petits et d’apparence assez chétive, mais néanmoins robustes, très agiles, durs à la fatigue et très sûrs dans la montagne. Rien n’égale la vélocité des attelages valaques, dans lesquels, il est vrai, on met parfois jusqu’à huit et douze chevaux à une voiture sous la conduite de deux postillons ou souroutchous en costume bariolé. Rien de plus fantastique que ces équipages, emportés avec la rapidité du vent, et leurs guides, qui ne cessent de pousser des cris sauvages assez semblables à des vagissemens. Un cheval tombe-t-il dans ces courses effrénées, on le laisse étendu sur la route, où il devient bientôt la pâture des corbeaux et des oiseaux de proie.

Les bœufs sont d’une grande utilité non-seulement pour les travaux des champs, mais pour les transports; si on finit par les envoyer à l’abattoir pour la consommation, c’est sans se mettre en peine de les engraisser beaucoup. N’ayant d’ailleurs le plus souvent que des herbes sèches à manger, ils ne peuvent donner que de la mauvaise viande. Les vaches par la même raison ont peu de lait; le beurre du pays est détestable. On s’est donné plus de peine pour améliorer les fromageries. La femelle du buffle, trop coriace pour la boucherie, donne un lait beaucoup plus gras que celui de la vache, en quantité double. Quelque arriérée que soit encore l’élève du bétail en Roumanie, les produits de cette industrie forment l’objet d’un commerce considérable avec l’Autriche. Les plus importans troupeaux de moutons sont ceux des grands propriétaires de Moldavie. Les bêtes sont grandes, mais les toisons très grossières. On envoie chaque année une bonne partie de ces laines en Transylvanie et en Bukovine, d’où elles reviennent manufacturées, à l’état d’étoffes et de feutres; d’autres sortes sont exportées en suint ou lavées à destination de la France surtout. L’amélioration de la race ovine ne manquerait pas d’ajouter à l’importance de ce commerce. C’est en Valachie qu’à l’imitation des Serbes on s’est mis à élever le plus de porcs; la chair de ces animaux est la plus savoureuse du payé; seulement avec le climat elle n’est pas très hygiénique. Pour les basses-cours, l’abondance du maïs serait d’une immense ressource. Comme les mûriers ne manquent pas, la sériciculture peut retrouver des chances de succès. Elle a déjà été pratiquée avec profit, et s’est trouvée un moment très florissante, mais a de plus en plus baissé depuis par suite de la maladie des vers à soie.

On a vu combien la Roumanie est riche en forêts : elles y couvrent un sixième du territoire. Les plus belles sont situées dans les Carpathes, où l’on rencontre encore de véritables forêts vierges, et