Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 8.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
LE
NOUVEL ETAT ROUMAIN

La Roumanie, formée des hospodarats de Valachie et de Moldavie, dont l’union, préparée dès 1859, a été consommée en 1866 par l’avènement d’un prince élu à titre héréditaire, est le plus considérable des deux états que l’on désigne sous le nom de Principautés danubiennes. Non-seulement elle surpasse de beaucoup en étendue, en population et en ressources la Serbie, sa sœur, confinée dans le pays de montagnes qui se déploie, en face du Banat, sur la rive droite du Danube et de la Save; mais sa position même entre trois empires tels que l’Autriche, la Russie et la Turquie, sur le Bas-Danube et la Mer-Noire, lui donne dans l’Europe orientale une importance politique, militaire et commerciale incontestable. La Moldavie et la Valachie, formant de ce côté les grandes avenues de la Turquie d’Europe, ont été le théâtre principal des guerres qui se sont succédé, pendant plus d’un siècle et demi, entre la Russie et la Porte. C’est en Roumanie que se trouve encore aujourd’hui le nœud, de la question d’Orient dans le cas de nouveaux conflits comme dans celui d’une solution graduelle et pacifique. En effet, une certaine conformité du vaste bassin fluvial qui s’y termine avec celui des Pays-Bas semble devoir faire un jour de la Roumanie un état neutre et le noyau d’un système fédératif dans l’éventualité d’une reconstitution du monde gréco-slave. Les puissances signataires du traité de Paris, en 1856, n’agirent que d’après ces vues en faisant de l’affranchissement complet de la navigation danubienne un intérêt européen et en instituant la commission chargée d’y pourvoir en leur nom collectif. Sans doute la Mer-Noire, simple golfe de la Méditerranée, n’a pas tous les avantages de la Mer du Nord; mais heureusement on peut compter sur l’exubérance croissante de la