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chemins de fer, elle se double en douze ans et demi, tandis que les périodes de doublement sont de quinze ans pour l’Angleterre et de vingt et un ans pour la Belgique. Aussi, malgré l’accroissement incessant des besoins de l’industrie, la production indigène peut-elle maintenant réduire à un tiers de la consommation totale le déficit que l’importation doit combler, et qui s’élevait encore aux deux cinquièmes dans les dernières années. Pour diminuer cette proportion, qu’il faut toujours demander aux marchés étrangers, il serait nécessaire d’augmenter le rendement des concessions actives ou de susciter de nouvelles exploitations ; mais la houille et l’anthracite, formées dans les âges passés par des procédés assez analogues à ceux qu’emploie la nature pour accumuler la tourbe dans nos marais, ne peuvent constituer que des lambeaux discontinus, quelle que soit d’ailleurs, sous les couches plus récentes, l’extension des assises qui, pour les géologues, portent le nom de terrain houiller. On ne saurait donc trop se garder de gaspiller par une exploitation imprévoyante ces réserves limitées que le passé lègue à l’avenir. Toutefois la meilleure utilisation du pouvoir calorifique de la houille, l’emploi chaque jour plus étendu des menus, fourniront un double moyen de compenser en partie l’accroissement de consommation.

D’autre part enfin, l’uniformité des conditions géologiques et climatériques aux époques anciennes a permis à la houille de prendre naissance sous les latitudes les plus diverses et aux couches charbonneuses d’acquérir une étendue, masquée par les formations plus modernes, mais que les exploitations souterraines de nos départemens du nord ont démontrée, et que des tentatives semblables mettront sans doute en évidence sur d’autres points (Cantal, Corrèze, bassins de la Basse-Seine, de la Haute-Loire, etc.). Une revue rapide de nos bassins houillers suffit à rappeler l’importance relative qu’ils ont acquise et les ressources qu’ils présentent à l’industrie extractive. C’est d’abord le bassin du nord qui affleure en Belgique et s’enfonce en France sous des terrains plus récens, où la présence en est constatée depuis Condé jusqu’à Lillers, et peut être soupçonnée au-delà, bien que les recherches n’aient jusqu’ici donné que peu de résultats. En tout cas, les travaux actuels, malgré les efforts si habiles et si heureux de la compagnie d’Anzin, n’ont pas pénétré en moyenne à plus de 300 mètres de profondeur. Ils pourront être poussés au-delà de 600 mètres, et la production est, par cela seul, susceptible de dépasser aisément les 6 millions de tonnes fournies en 1873. Sur la Basse-Loire, où le fonçage des puits fut exécuté pour la première fois par l’usage de l’air comprimé, l’exploitation se poursuit comme en Vendée. Elle végète et s’arrête au contraire à Littry et au Plessis, en Normandie, bien que le terrain houiller paraisse présenter une grande extension dans la profondeur. Ronchamp, sur le revers des Vosges, avait pris depuis peu une importance qui s’est encore accrue après