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Des investigations analogues, récemment faites en Angleterre, aboutissent aux mêmes conclusions. M. Warington W. Smith, inspecteur-général des mines et membre de la Société royale de Londres, a publié un traité sur l’exploitation des mines de houille dans la, Grande-Bretagne. Ce traité, qui est fort apprécié en Angleterre, vient d’être traduit par M. G. Maurice, ingénieur civil, qui y a joint de nombreuses notes. On compte dans le royaume-uni plus de 3,000 mines de houille en activité ; la production annuelle dépasse 100 millions de tonnes, c’est-à-dire qu’elle excède de plus du double celle des autres pays, et l’accroissement de l’exploitation est si rapide que les ingénieurs anglais en sont arrivés à discuter sérieusement sur la durée plus ou moins longue de la richesse houillère. La population qui travaille dans les mines est donc très considérable, et toutes les informations recueillies dans les enquêtes s’accordent à établir que les salaires sont plus élevés que dans la plupart des autres industries. Les houillères anglaises n’en sont pas moins exposées à des grèves très fréquentes ; en ce moment même, plus de 100,000 ouvriers ont déserté le travail. Cette calamité ne saurait être attribuée à un désordre économique par suite duquel le capital se serait fait une part trop large aux dépens de la main-d’œuvre ; elle ne s’explique pas davantage par l’antagonisme politique : il faut donc en chercher la cause dans la propagande de l’Internationale, qui excite la lutte entre les classes sociales, et qui arme d’abord les ouvriers contre les patrons. Il est permis d’espérer, d’après les rapports de M. L. Reybaud, que cette propagande, combattue d’ailleurs par la loi, ne s’étendra pas facilement aux houillères françaises, dont la prospérité est secondée par l’accord qui existe entre les grandes compagnies et leurs nombreux ouvrière.

Nous n’avons fait que citer sur ce point spécial l’opinion de M. Warington Smith. Le traité de l’ingénieur anglais et de son traducteur, M. G. Maurice, se recommande par la clarté des renseignemens techniques et par l’abondance des informations ; il contient sur les houillères de l’Angleterre une enquête à peu près semblable à celle que M. L. Reybaud a consacrée aux houillères de la France, et il mérite à tous égards l’attention qui est due aux plus utiles travaux de l’économie industrielle.


c. LAVOLLEE.

Le directeur-gérant, G. BULOZ.