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HORACE


ET SES TRADUCTEURS


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I. Œuvres d’Horace, traduction nouvelle avec le texte latin, par M. Leconte de Lisle, 2 vol. ; Lemerre. — II. Horace, traduction en vers avec le texte latin, par M. le comte Siméon, 3 vol. ; Jouaust.


I.

Mme  de Maintenon se plaignait de son monarque inamusable ; l’esprit humain est meilleur prince : plus il vieillit et moins son goût se montre difficile, les redites en aucun genre ne l’épouvantent. Nous hantons les théâtres, sachant d’avance de quoi il retourne ; ce qui s’invente et se publie n’offre à notre curiosité qu’une sorte d’intérêt relatif, car pour du nouveau il n’y en avait plus, hélas ! déjà du temps d’Auguste. Virgile, Horace, Ovide, empruntent à la Grèce, et leur art, si merveilleux qu’il soit, ne consiste déjà plus qu’à nationaliser dans Rome, à faire servir à l’instruction comme à l’agrément de la société contemporaine des idées et des formes librement conçues et créées d’original sous un ciel étranger. Térence copie Ménandre, Shakspeare dévalise les chroniqueurs barbares et les nouvellistes italiens ; puis vient Molière, qui prend son bien où il le trouve, chez le voisin Rabelais et chez l’étranger Tirso de Molina : pères nobles et raisonneurs, jaloux tuteurs et pupilles futées, jeunes dissipateurs et vieux avares, servantes effrontées, valets fripons le nez au vent, masques de fieffés coquins et de parasites, célèbres jadis sous les noms de Dave et de Parménon, et qui s’appelleront désormais Scapin, Mascarille et Sganarelle. Oui, certes, tout a été dit, mais il y a façon de tout redire, et même de reprendre à nouveau les chefs-d’œuvre. En veut-on un exemple ? Je citerai