Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/886

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

vaux publics s’accroît chaque année de 60,000 livres sterling de nouveaux et indispensables frais d’entretien. Au jour présent, on petit évaluer à 10,000 milles la longueur du réseau macadamisé de l’Inde, et, quoique ce total, comparé à celui d’il y a vingt ans, atteste de véritables et remarquables progrès, l’œuvre des routes de l’empire est, on peut le dire, à peine commencée. L’établissement des voies ferrées rend encore plus indispensable le prompt achèvement des routes indiennes, et les chemins de fer ne pourront porter tous leurs fruits que lorsqu’un système de route perfectionnée permettra aux produits des pays qu’ils traversent d’arriver au wagon sans frais exorbitans de transport.

Lord Dalhousie, à qui revient la gloire d’avoir conçu et commencé la grande œuvre des chemins de fer indiens, comprit que le gouvernement ne devait pas avoir seulement pour but de protéger les intérêts politiques et militaires de la conquête. Avant tout, il voulut que le réseau ferré servît à développer les richesses et les ressources du pays en reliant les centres de production aux grands ports de mer. L’illustre homme d’état comprit aussi qu’il fallait, pour mener à bien la grande entreprise, combiner l’action de l’industrie privée et celle de l’état, et que les capitaux de l’Europe, les seuls sur lesquels on pût compter, n’oseraient aborder avec leurs propres forces seules des travaux pleins d’inconnus et de difficultés. Les bases fondamentales des traités conclus avec les compagnies furent à peu près les suivantes. Le gouvernement promit de fournir les terrains nécessaires à l’établissement des lignes et de garantir un minimum de 5 pour 100 d’intérêt sur le capital engagé depuis le commencement des travaux. En remboursement de ces avances, il fut convenu que tous les profits nets de l’exploitation seraient versés au trésor public. Aussi longtemps que le montant de ces versemens n’excède pas 5 pour 100 du capital dépensé, la somme entière est retenue par l’état ; au-dessus de 5 pour 100, le surplus est divisé en parties égales, l’une pour les actionnaires, l’autre pour le trésor public. Les sommes ainsi perçues par ce dernier sont applicables à la liquidation des intérêts servis précédemment aux actionnaires, et lorsque le total des remboursemens ainsi effectués balancera le total des avances faites par l’état avec intérêt simple calculé au taux de 5 pour 100, les profits de l’exploitation demeureront définitivement et intégralement acquis aux actionnaires.

Une autre question importante restait à résoudre. Tous les capitaux devant venir d’Angleterre, il était indispensable de se mettre en garde contre les fluctuations du change, et il fut décidé que celui-ci serait fixé à 1 sh. 10 p., taux inférieur de 9 pour 100 environ à la valeur légale de la roupie. Le gouvernement en un mot vendit ses traites, à un prix déterminé, mais notablement inférieur