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merveilleux fils de fer jouèrent au début de l’insurrection avant de tomber eux-mêmes au milieu des ruines amoncelées de toutes parts par une soldatesque effrénée. Disons encore que les lignes de l’Inde comme lignes d’une nationalité homogène n’ont pas d’analogues en Europe. Pour établir une comparaison de tarifs, il faut aller chercher ses points de repère aux États-Unis ; ces tarifs sont à l’avantage du public anglo-indien, qui ne paie qu’une roupie (2 francs 50 cent.) pour une dépêche de six mots, quelle que soit la distance, adresse gratuite.

L’Inde communique en ce moment avec l’Europe par trois lignes télégraphiques distinctes. La première passe par Constantinople, Mossoul, Bagdad, Faô, au fond du Golfe-Persique, d’où part le câble sous-marin qui relie cette dernière station à Karrachi, — la seconde (Indo-european Télégraphie Company) par Berlin, Varsovie, Kertch, Tiflis, Tabriz, Téhéran, Bushire, Cape Jash et Gwadur ; — la troisième, inaugurée en 1870, relie par un câble sous-marin Suez et Bombay. Une autre ligne, ouverte en 1871, complète les communications du lointain Orient avec l’Europe par Madras, Penang, Singapour et Hongkong. Malgré les avantages qu’elles offrent au public, les lignes de l’Inde sont loin de donner de bons résultats financiers. Les bénéfices nets de la compagnie de Suez à Bombay (au capital de 1,200,000 livres sterling) s’élèvent à 8 pour 100, soit à peu près la détérioration annuelle du câble. L’Indo-european Télégraphie Company, au capital de 450,000 livres sterling, ne peut faire face à ses frais d’exploitation après avoir remboursé les charges télégraphiques, aux divers gouvernemens dont elle emprunte les fils. Les révisions de tarifs n’ont pas réussi à conjurer le mal. Les dépêches de vingt mots, primitivement de 5 livres sterling, abaissés à 2 livres 18 shillings, ont été ramenées à 4 livres sterling sans changement sensible dans les recettes.

Les travaux publics dans l’Inde, il y a trente ans, étaient à peu près circonscrits à l’entretien des bâtimens militaires et civils : casernes, arsenaux, hôpitaux, tribunaux, caisses publiques, prisons. En dehors de ces édifices, l’action du gouvernement s’étendait seulement sur un ensemble assez considérable d’ouvrages d’irrigation. Un comité composé des principaux officiers des départemens civils de l’armée suffisait aux besoins modestes d’une politique de statu quo, indifférente, sinon hostile au développement de la richesse du pays. Lord Dalhousie, en arrivant aux affaires, rompit avec les traditions du passé, et, enlevant à l’armée les travaux publics, fit de cette branche du service un département séparé du gouvernement suprême. Le nouveau département prit le plus rapide essor. Le budget des travaux publics de l’Inde, de 600,000 livres sterling en 1852-1853, dont un cinquième environ consacré à l’entretien et à