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dames, aux échecs, au trictrac, et il est telle de ces salles de lecture qui reçoit des centaines d’habitués tous les soirs. En dehors de celles qui ont été créées par la Société protectrice, il en est un très grand nombre d’autres, dont celle fondée par le vénérable M. Peter Cooper est la plus renommée. On devine sans peine quel bien font de pareilles institutions dans une ville comme New-York.


IV. — LES RESULTATS OBTENUS.

Comme on le voit, la Société protectrice a tout prévu, tout établi généreusement, §t elle attaque sans trêve, dans son antre même, par toutes les armes possibles, l’hydre redoutable de la misère et de l’ignorance. Dans une intention toute philanthropique, elle a toujours eu soin de n’afficher aucun drapeau religieux, d’appeler à elle tous les hommes de bonne volonté dans une sorte de grande « union chrétienne. » L’association charitable qu’ils ont créée est ouverte à tous, et ces hommes appartiennent indistinctement aux différentes sectes qui partagent la religion réformée. Ils sont unis sous un drapeau commun, celui de la bienfaisance universelle, celui de la solidarité humaine. Dès le début, cette société a compté, elle compte encore dans son sein quelques-uns des citoyens le plus honorablement connus de l’Union. Dans le bien qu’on s’est plu à répandre, on n’a demandé compte ni de leur foi, ni de leur nationalité, ni de leur couleur, à ceux que l’on aidait, et le petit nègre, dans ce pays démocratique où la différence de caste est cependant encore si prononcée, a été secouru à l’égal du blanc. A ceux qui critiquaient ses actes, la société s’est bornée à répondre, comme ’ autrefois Jésus aux gens de Jérusalem : « Laissez venir à moi les petits enfans. »

Le bien est difficile à faire, et la jalousie, l’esprit de rivalité, enraient souvent les bonnes œuvres. Malgré toutes les précautions qu’elle a prises de ne blesser aucune croyance, malgré toutes les délicatesses qu’elle a mises dans ses procédés, ce n’est qu’au milieu de difficultés sans nombre que la Société protectrice est arrivée à ses fins. Non-seulement elle a eu à surmonter tous les déboires occasionnés au début par l’indiscipline et le mauvais naturel des enfans, mais elle a eu à compter aussi avec les hommes, et de ce côté, la lutte, que l’on n’aurait pas cependant osé prévoir, n’a été ni la moins pénible, ni la moins longue. On l’a supportée avec vaillance, comme une salutaire épreuve qui consoliderait l’institution ; on a fini par triompher.

Bien que dans les nombreuses écoles qu’elle a fondées aucun esprit de secte ne domine, comme c’est d’ailleurs la règle dans toutes