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— Entre dans cette salle. » Il entra dans la salle, se coucha sur un lit d’ivoire et d’ébène, et étendit la main vers Tabubu.

Ici un passage fort difficile à entendre dont M. Brugsch donne la transcription hiéroglyphique. Setna a été le jouet d’une illusion terrible, née sans doute de l’ivresse.

Une heure se passe. À son réveil, Setna aperçoit un génie de grande taille ; il se voit nu, n’ose par pudeur se lever. Le génie lui dit : « Setna, dans quel état es-tu ? — C’est Ptahneferka, répond le prince, qui m’a fait tout cela. — Va, lui dit le génie, à Memphis ; tes enfans te demandent. — Mon grand maître, à qui soit accordée la durée du soleil ! comment pourrais-je aller à Memphis, n’ayant pas d’habits ? » On fit donner des habits à Setna, qui alla et embrassa ses enfans à Memphis. « Est-ce que ce n’est pas l’ivresse, demanda le roi, qui t’a fait faire tout cela ? » Setna raconta tout. « Setna, je t’avais dit de ne pas enlever ce livre de l’endroit où tu l’as pris ; tu m’as désobéi. Qu’on emporte ce livre de Ptahneferka ! Un couteau et un bâton doivent être en ta main, un brasier de feu sur ta tête. »

Le prince sortit de la présence du roi. Il redescendit dans le tombeau où se trouvait Ptahneferka. Ahura lui dit : « Setna, que Ptah, le grand dieu, te conserve ! » Ptahneferka rit, disant : « C’est l’histoire que je t’avais prédite. » Setna en convint, et dit : « Ptahneferka, n’est-ce pas une mauvaise histoire ? » Ptahneferka répondit : « Setna, tu l’as fait connaître en disant : « Ahura et Merhu, son fils, se trouvent à Coptos, en un tombeau. » Rends-toi donc à Coptos. » Setna sortit de la tombe, il se présenta devant le roi et lui répéta les paroles de Ptahneferka. Le roi dit : « Setna, pars pour Coptos afin de retrouver Ahura et Merhu, son fils. » Il monta vers le port, s’embarqua dans la barque royale et parvint à Coptos. Les prêtres et le grand-prêtre d’Isis de Coptos descendirent au-devant de lui et saisirent sa main pour le saluer à son arrivée. Il se rendit au temple d’Isis de Coptos et d’Harpocrate, et fit apporter une oie et du vin pour un holocauste et une libation ; puis il prit le chemin de la nécropole avec les prêtres d’Isis. Durant trois jours et trois nuits, ils cherchèrent dans tous les tombeaux de la nécropole, examinèrent les stèles et lurent les écritures hiéroglyphiques : les sépultures d’Ahura et de Merhu, son fils, restèrent inconnues. Ptahneferka savait qu’ils ne les retrouveraient point. Il se montra à eux sous la figure d’un vieillard très âgé. Il marcha au-devant de Setna, qui lui dit : « Tu as l’air d’un homme très âgé ; ne connais-tu pas les sépultures d’Ahura et de son fils Merhu ? » Le vieillard dit à Setna : « Le père du père de mon père a dit au père de mon père, et le père de mon père a dit à mon père ainsi : Les