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arrivé à l’endroit de la chute qu’avait faite Merhu, le jeune enfant, dans le fleuve, je sortis de dessous l’ombre de la barque royale, je tombai dans l’eau, invoquant Râ, appelant tout le monde resté sur le port. Ptahneferka récita l’écrit sur moi : la force divine me poussa vers la surface de l’eau. Il me fit parler devant lui de tout ce qui m’était arrivé. Il retourna à Coptos avec moi, me fit conduire à la bonne demeure, fit des rites pour moi, et me fit embaumer comme il convenait à la grandeur d’un très haut personnage. Il me fit enterrer dans la tombe où était Merhu, le jeune enfant. Il monta au port, s’embarqua ; arrivé à l’endroit de notre chute dans le fleuve, il parla avec lui-même, disant : « Dois-je aller à Coptos pour que je m’unisse avec eux ? Si je vais à Memphis, le roi me demandera ses enfans. Que lui dirai-je ? Je ne peux pas lui parler ainsi : J’ai conduit tes enfans à la Thébaïde ; je les ai tués et je suis vivant ! Si je vais à Memphis, vivrai-je encore ? » Il fit apporter des bandelettes de lin pour en faire une ceinture ; il en enveloppa le livre et le mit sur ses flancs. Ptahneferka sortit de dessous l’ombre de la barque royale, tomba dans le fleuve, invoquant Râ, appelant tout le monde resté sur le port. On dit : « Un grand malheur, un malheur affreux ! Ne va-t-il pas revenir, le bon scribe, qui n’a pas son pareil ? » On fit naviguer la barque royale sans que personne connût l’endroit où était Ptahneferka. On arriva à Memphis. Le roi descendit au-devant de la barque royale, vêtu d’un costume de lin, et les gardes, qui tous avaient pris des vêtemens de lin, et les prêtres de Ptah avec leur grand-prêtre, et tous les officiers du palais. Ptahneferka occupait l’intérieur de la barque royale ; il avait le livre à ses flancs. Le roi dit : « Qu’on enlève ce livre de ses flancs. » Les officiers du palais et les prêtres de Ptah avec leur grand-prêtre dirent devant le roi : « Notre grand maître et roi, auquel soit donnée la durée de Râ ! Ptahneferka était un bon scribe et un homme très savant. » Le roi le fit conduire à la bonne demeure jusqu’au seizième jour, le fit orner jusqu’au trente-cinquième, embaumer jusqu’au soixante-dixième jour. On l’enterra dans sa tombe.

Ici finit le récit de la dame Ahura ; elle ajoute seulement, pour dissuader le prince Setna, qui brûlait de posséder le livre sacré du dieu Thoth :

« J’ai passé par ces malheurs à cause de ce livre dont tu dis : « Qu’on me le donne ! » Ne m’en parle pas, car à cause de lui nous avons perdu la durée de notre vie sur la terre. — Ahura, répond Setna, qu’on me donne ce livre pour que je le voie, sinon je le saisirai de force ! » Alors Ptahneferka se dressant sur sa couche funéraire : « N’es-tu pas Setna, auquel cette femme a raconté toute l’histoire malheureuse ? Garde-toi de prendre ce livre. Comment