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monterai comme l’oiseau. » Quand les princes s’efforçaient chaque jour d’escalader la fenêtre, le jeune homme les regardait de loin. La servante de la fille du prince de Mésopotamie était sur la tour. Il grimpa enfin avec les autres princes et atteignit la fenêtre de la princesse. Elle le baisa, l’embrassa dans tous ses membres. Quelques-uns vinrent pour féliciter le père. « Un homme ; lui annonça-t-on, a escaladé la fenêtre de ta fille. — De quel prince est-il fils ? — C’est le fils d’un chevalier qui s’est enfui du pays d’Égypte, loin d’une belle-mère. » Le prince de Mésopotamie fut excessivement en colère. « Comment donnerais-je ma fille à un fugitif égyptien ? s’écria-t-il. Qu’il s’en retourne ! » On alla dire au jeune homme : « Retourne là d’où tu es venu ! » Mais la jeune fille s’attacha à lui de toutes ses forces et fit un serment, disant : « Par le nom du soleil, Horus ; si on me l’arrache, je ne mangerai ni ne boirai de ma vie. » Elle fut sur le point de mourir. Un messager vint répéter à son père tout ce qu’elle avait dit ; le prince envoya des émissaires pour faire périr le jeune homme. La jeune fille dit : « Par le soleil, s’il meurt, je mourrai sur l’heure. » On vint dire ces choses au père. Le prince de Mésopotamie fit alors venir le jeune homme, il l’embrassa et le baisa dans tous ses membres ; il l’appela son fils et lui donna sa fille avec un beau domaine.

Quelque temps après, le jeune homme dit à sa femme : « Je suis prédestiné à périr par un crocodile, par un serpent ou par un chien. — Prenez des précautions, lui dit-elle. — Pour cela, répliqua-t-il, je ne veux pas qu’on abatte mon chien. — Puis-il alla dans le pays d’Égypte pour prendre des oiseaux. Un crocodile sacré se trouva dans le village, à la porte de sa maison ; mais un géant était aussi là qui ne le laissa pas sortir. Quelque temps après, le jeune homme faisait un heureux jour en sa maison ; la nuit venue, il se coucha sur sa natte, et le sommeil dompta ses membres. Un serpent sortit d’un trou pour mordre le prince : sa femme était près de lui, éveillée. Les serviteurs présentèrent une liqueur enivrante au serpent, il en but, et tomba insensible. La princesse le tua et le jeta dans son bain. Alors on réveilla le prince, et il apprit ce qui était arrivé. « Vois, lui dit-elle, ton dieu t’a gardé d’un de tes sorts. » Il se mit à faire un sacrifice au dieu, à l’adorer et à l’exalter chaque jour. Il sortit bientôt pour se promener, à quelque distance de la maison, suivi de son chien. Le chien ayant saisi la tête de quelque animal, il accourut, approcha de la mer. Le chien se tenait près du crocodite. Il le conduisit où était le géant… Le crocodile dit au prince : « Je suis ta destinée, je suis venu après toi… »

Le fragment s’arrête ici. On n’échappe point à sa destinée. De quelle mort périt l’infortuné prince ? Il avait été préservé de la