Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 7.djvu/81

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
III. — LES ECOLES ET LES LOGIS ACTUELS.

C’est dans le 4e arrondissement de New-York, non loin du fameux carrefour des Cinq-Points, qu’est installé depuis quelques mois le principal logis pour les enfans des rues, fondé dès le commencement sous le nom de News-boys lodging home. Il était en dernier lieu sur la place de l’Hôtel-de-Ville, où nous l’avons visité nous-même en 1869, une nuit d’hiver, accompagné de M. Brace, qui s’offrit gracieusement à nous servir de cicérone. C’est également avec lui que, dans le courant du mois de juin dernier, nous avons parcouru en détail le logis du 4e ward. C’est un magnifique édifice, occupé auparavant par un hôtel. La situation en est des plus heureuses, sur une place, à l’angle des trois grandes rues Reade, Duane et Chambers. L’édifice a été agrandi, entièrement refait, et coûte à la société plus de 100,000 dollars ou 600,000 francs. Il est construit en pierre et en brique, les planchers sont en fer, les colonnes en fonte ; bref, la maison est à l’épreuve du feu. Mon guide me le faisait remarquer avec orgueil, car les incendies sont fréquens en Amérique, et il faut surtout songer à y parer quand on donne asile à des locataires comme ceux que reçoit la Children’s aid society.

Au niveau de la rue, formant le rez-de-chaussée, sont de vastes magasins qu’on louera avec avantage à diverses industries dans ce quartier si animé. Ce sera une source de profit dont on reportera les revenus sur le maintien du lodging. En Amérique, on ne manque jamais l’occasion de gagner de l’argent, de faire un bénéfice ; seulement il est entendu ici que ces magasins ne seront point loués à des buvettes. Au premier étage sont l’école et l’appartement du directeur ou surveillant, le superintendent, l’estimable M. O’Connor, attaché depuis les premiers temps au logis des News-boys. Il en est peu qui aient déployé autant de zèle que ce digne homme, et son établissement a toujours été tenu militairement, propre comme le pont d’un navire de guerre. L’école est une vaste salle, bien éclairée, bien aérée, où s’alignent les bureaux de bois noir. Sur les murs sont suspendus des tableaux d’étude ou inscrits des préceptes de sagesse pratique. Partout l’espace, plusieurs centaines d’enfans peuvent ici s’asseoir à l’aise. A côté de la porte, une lourde table dont le tiroir est fermé par un gros cadenas ; sur le plan de cette table, une série de trous oblongs numérotés. C’est là que chaque boy en entrant dépose, s’il lui plaît, quelque pièce de monnaie. C’est la tirelire à la fois commune et individuelle, la banque dont nous