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occupe le coin de la 3e avenue et de la 11e rue. A la tête de ce département est un board de cinq commissaires, qui adressent un rapport annuel au maire de New-York sur les différens services confiés à leurs soins vigilans. Chacun des directeurs de ces services envoie préalablement au conseil des commissaires un rapport détaillé auquel sont annexées toutes les pièces de comptabilité et une série de tableaux statistiques. Tous ces rapports sont imprimés et livrés au public. Le dernier volume paru a trait tout entier à l’année 1871[1].

L’accès des îles de la rivière de l’Est et du Sound, où sont si heureusement cantonnées hors de la ville, au bon air, dans un site des plus favorables, les diverses institutions que nous avons mentionnées, n’est pas défendu aux profanes. Le département de charité et de correction ne fait aucune difficulté de permettre à qui que ce soit le libre accès des établissemens confiés à sa garde. C’est d’ailleurs une règle à peu près générale, dans tous les établissemens publics ou privés aux États-Unis, que tout le monde y entre et y circule librement. Non-seulement les parens, les amis des différens pensionnaires des îles sont admis à les visiter, mais même les simples curieux. Le board des commissaires possède trois bateaux à vapeur qui, plusieurs fois par jour, partent du quai de la 26e rue sur la rivière de l’Est. Moyennant une faible rétribution, le public peut prendre passage sur ces bateaux. Pour peu que vous lui en manifestiez le désir et lui fournissiez quelques raisons valables, le fonctionnaire chargé de ce service vous donnera même un ticket gratuit avec le droit de visiter à loisir tous les établissemens attachés au département dont il est un des commissaires. C’est de la sorte que, dans les mois d’août et de septembre 1874, nous avons pu parcourir plusieurs fois les îles de la rivière de l’Est. Nous nous bornerons à rapporter ici ce que nous avons vu dans les plus curieux de ces établissemens, — l’asile des ivrognes, l’hôpital des fous, le pénitencier, — et qui mérite d’être connu.


I. — L’ASILE DES IVROGNES.

De tout temps on a bu beaucoup aux États-Unis. C’est une coutume anglo-saxonne que les fils des têtes-rondes et des cavaliers ont apportée avec eux. Les loisirs quotidiens, plus grands dans une colonie naissante que dans la métropole, la sécheresse du climat américain, les mécomptes qu’éprouvent la plupart des immigrans, une foule d’autres raisons expliquent ce penchant. L’impôt, toujours plus lourd, dont le fisc a frappé l’alcool, ici comme dans

  1. Twelfth annual report of the commissioners of public charities and correction for the year 1871, Bellevue press, 1872.