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pour en déterminer le retour. Le self-acting, métier automate ou renvideur, est le mull-jenny dont tous les mouvemens sont automatiques, c’est-à-dire fournis par le moteur. Il présente le double avantage de produire mieux et plus économiquement en tous numéros, et de ne pas fatiguer le fileur. On conçoit avec quelle faveur a été accueilli dans les ateliers un appareil auxiliaire qui employait une portion de sa puissance mécanique au soulagement des forces humaines. Afin de le propager, la Société industrielle de Mulhouse avait proposé dès l’origine un prix pour l’introduction en Alsace d’un assortiment de 5,000 broches fonctionnant régulièrement. Ce prix fut décerné en 1853 à la maison Dollfus Mieg et Cie qui avait installé dans sa filature dix métiers de 612 broches pour trame, et douze métiers de 540 broches pour chaîne, en tout 12,000 broches. Ces machines, système Roberts, avaient été construites chez MM. André Kœchlin et Cie. Depuis et sans autre encouragement, l’usage des self-actings s’est généralisé dans nos filatures en s’appliquant indistinctement au coton et à la laine peignée. Plus des deux tiers des broches de filatures appartiennent à ce système : sur un seul point, les avis sont encore partagés, c’est le nombre des broches ; il s’agit du plus au moins, suivant la qualité des numéros que les métiers produisent. On s’accorde pourtant à reconnaître que les métiers de 600 à 700 broches sont les plus avantageux.

La peigneuse Heilmann n’eut pas moins de succès ; elle s’emparait comme toujours d’un travail qui jusque-là n’était fait qu’à la main, et s’était porté sur la laine comme sur une matière plus susceptible d’être disciplinée au moyen d’instrumens. Quand il s’agit de l’appliquer au coton, d’autres difficultés survinrent contre lesquelles il fallut longtemps lutter. Le coton brut se compose de fibres, flexibles plus ou moins longues, plus ou moins tenaces, se croisant dans tous les sens et accompagnées de nœuds, de duvet et d’impuretés étrangères à la substance propre du textile. Les cardes ouvrent et nettoient les filamens sans les purger complètement et en séparer les brins courts, d’où résulte un défaut d’homogénéité d’autant plus sensible qu’on veut obtenir des numéros plus fins. L’objet du peignage est de trier ces filamens, de les redresser, de les épurer, de réunir parallèlement entre eux ceux de même longueur. Ce travail, appliqué depuis longtemps aux longues soies de la laine, du chanvre et du lin, se faisait pour le coton à la main, qui seule pouvait accomplir cette série d’opérations délicates. Il était réservé à Josué Heilmann de mener à bien un instrument qui, toutes les difficultés vaincues, remplit pleinement, son but et peut, avec des modifications insignifiantes, s’appliquer à tous les textiles. Pour le coton, la préparation ne laisse vraiment rien à désirer. Le cardage. insalubre,