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L'EUCALYPTUS GLOBULUS
AU POINT DE VUE
BOTANIQUE, ECONOMIQUE ET MEDICAL

Dans ces parterres à décoration mobile qui sont un des récens attraits de Paris, à Monceaux, au Luxembourg, dans les squares, le promeneur a pu remarquer un arbuste étrange de forme et de couleur. On le dirait poudré à blanc ou plutôt enduit d’un vernis cireux d’une teinte glauque à reflets bleuâtres ; tout le long |de la tige droite et raide s’étagent sur quatre rangs croisés des rameaux flexibles, horizontalement étalés et garnis de feuilles ovales, entières, opposées et sessiles, c’est-à-dire reposant directement sur le rameau par leurs bases arrondies. Réduit à ces proportions de 5 ou 6 mètres, l’eucalyptus globulus n’est, à vrai dire, qu’un joujou de plus parmi les singularités horticoles. Il est sorti d’une orangerie et doit y rentrer aux premiers froids ; le plus souvent même on le sacrifiera sans pitié à de jeunes remplaçons ; qui, nés au printemps, élevés à l’air libre durant l’été, rentrés en serre l’hiver suivant, plantés après les froids en pleine pelouse, profitant avec une étonnante rapidité des chaleurs de l’été parisien, parcourent jusqu’à la fin de l’automne le cycle de leur période infantile. Ainsi le climat inclément et le caprice de l’homme enferment dans ce terme de deux ans et dans les proportions d’un arbuste les destinées séculaires et les dimensions colossales d’un des géans de la végétation du globe.

C’est dans sa patrie australienne qu’il faudrait voir l’eucalyptus à l’état d’arbre géant ; mais déjà le climat de l’oranger nous le montre, en Europe même, doué d’une rapidité de croissance que rien n’égale. Partout où, dans notre hémisphère, l’hiver n’est qu’un