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réunions, qui ont lieu tous les quinze jours pendant les sessions, tous les mois pendant les vacances du parlement. En 1850, conformément aux conclusions de la commission d’enquête, le conseil a choisi dans son sein, par voie d’élection, un comité permanent (standing committee), dont les 18 membres sont chargés de l’expédition des affaires courantes et tenus à plus d’assiduité ; on les a pris parmi ceux à qui leurs loisirs permettaient de donner plus de temps au musée et que leurs goûts ou leurs études semblaient avoir préparés à cette tâche. Sur la liste de l’an dernier, je trouve les noms de MM. Gladstone et Disraeli, de M. Robert Lowe, l’éloquent orateur, de plusieurs grands seigneurs, tels que le duc de Somerset et le comte Stanhope. Le bibliothécaire en chef est secrétaire du comité ; c’est lui qui soumet aux trustees les questions à résoudre et les nominations à signer. On regrette que les conservateurs des différens départemens n’aient point de relations régulières avec le conseil ; ils y sont rarement appelés et n’y ont même point, dans ce cas, voix consultative. Il y aurait là, de l’aveu général, une utile réforme à introduire. Malgré toute sa bonne volonté, malgré les renseignemens dont il s’est entouré, le directeur du musée ne peut, dans bien des discussions, être aussi compétent que les hommes spéciaux dont il est chargé d’exposer les vœux et les idées. Par bonheur, ces hommes ont souvent, avec tel ou tel des trustees, des relations personnelles qui leur permettent de préparer, par voie de conversation officieuse, l’adoption de la mesure, la ratification de l’achat qu’ils proposent. Comme toute chose humaine, l’organisation actuelle du musée a sans doute ses défauts ; mais, à tout prendre, elle a fait ses preuves, et l’Angleterre a le droit d’être fière des résultats obtenus. On peut en perfectionner le mécanisme, mais ce serait de l’ingratitude et de la témérité que de prétendre en changer les bases. Le secret de son efficacité, c’est qu’elle intéresse à la prospérité d’un grand établissement scientifique des hommes du monde et des personnages politiques, ceux qui par leur naissance, leur fortune, leur rang et leurs talens occupent les plus hautes situations du pays. Dans la longue liste des bienfaiteurs du musée, on compte plus d’un trustée ; après avoir aidé le musée de ses conseils et de son influence pendant bien des années, on trouve tout naturel de l’instituer son héritier. D’autres n’ont point de manuscrits, de livres ou de statues à lui offrir ; mais ils soutiennent au parlement et font adopter comme ministres les mesures et les demandes de crédit qu’ils ont approuvées comme membres du conseil. Ce sont des services qu’il est aisé de rendre quand on s’appelle Gladstone ou Disraeli.


George Perrot.