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à tendre le bras pour feuilleter ces volumineux répertoires où les modernes ont condensé toute science ; il n’a que deux mots à écrire pour qu’on lui apporte, quelques instans après, n’importe lequel des 1,600,000 volumes environ que renferme le musée. Connaissez-vous un cabinet de savant, même millionnaire, où tous ces agrémens se trouvent réunis à toutes ces ressources, et n’est-ce pas vraiment ici le paradis des travailleurs ? Malgré tous les progrès réalisés à Paris dans la nouvelle salle de lecture, nous retardons encore à bien des égards sur Londres ; mais ne peut-on pas tout espérer et tout attendre de l’éminent érudit qui dirige depuis un an seulement la Bibliothèque nationale ?

Quant aux manuscrits, c’est d’ordinaire dans la grande salle de lecture qu’ils sont communiqués, système préférable à celui que l’on suit à Paris. Il est utile, quand on étudie un manuscrit, d’avoir en même temps sous la main les secours que peut seul fournir le département des imprimés, soit les éditions antérieures du même texte, soit les collections scientifiques auxquelles l’historien et le critique ont sans cesse à recourir. Seuls les documens d’une valeur et d’une rareté tout exceptionnelle ne subissent point ce déplacement. A-t-on à consulter par exemple les fameux papyrus égyptiens qui nous ont conservé de précieux débris d’Hypéride, ou bien le palimpseste syriaque de l’Iliade, on s’installe dans une petite pièce située au milieu même de ces trésors, où l’on travaille sous la surveillance plus effective de ceux qui en ont la garde et la responsabilité. Le cabinet est d’ailleurs, à de rares exceptions près, assez pauvre en textes des classiques grecs ou latins ; c’est qu’il n’a été formé qu’au dernier siècle, quand ceux-ci ne sortaient plus guère des grands dépôts où les avaient versés les deux siècles précédens. Sa richesse, ce sont, d’une part, les pièces et papiers de tout genre qui ont trait à l’histoire du moyen âge et des temps modernes, d’autre part les manuscrits orientaux. L’une des séries les plus importantes, c’est celle de ces ouvrages syriaques dus aux recherches poursuivies par MM. Tattam et Curzon dans les couvens de la vallée des Lacs de natron, en Égypte : on sait tout ce qu’en a déjà tiré la science et la critique de Cureton ; il y reste encore bien des textes curieux à publier.

Le musée est aujourd’hui partagé en douze départemens, imprimés, manuscrits, antiquités orientales, antiquités bretonnes et du moyen âge avec l’ethnographie, antiquités grecques et romaines, monnaies et médailles, cartes et dessins topographiques, estampes et dessins, botanique, zoologie, paléontologie, minéralogie, dont chacun est dirigé par un conservateur. Les quatre derniers sont placés sous la haute surveillance d’un surintendant de l’histoire naturelle (superintendant of natural history) dont la situation est la