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n’ai jamais nettement aperçue, et c’était dans la plus belle saison de l’année par un des plus radieux étés dont l’Angleterre eût mémoire !

Partout dans ces mêmes galeries les murs sont peints d’un rouge tranquille, sur lequel se détachent très bien, mais sans violence, et les statues qui se projettent sur ce fond et les bas-reliefs appliqués ou encastrés dans la paroi. La décoration bleue et rouge du plafond, relevée de quelques ors, a tout au moins le mérite d’être assez sobre pour ne pas attirer et retenir le regard. Un autre trait à signaler, c’est l’heureuse disposition des vitrines dans les salles du premier étage qui contiennent les vases, les terres cuites, les verres et les bronzes. Des armoires appliquées contre les murs renferment une partie de ces objets ; mais les plus rares et les plus beaux sont en général rangés dans des armoires plus basses, toutes en fer et en cristal, réparties dans l’aire de la pièce de manière que l’on puisse tourner tout autour et voir les vases sous toutes leurs faces. Ceux qui sont décorés à l’intérieur et à l’extérieur, comme c’est souvent le cas pour les patères, ont été posés sur une glace, quand la peinture en vaut la peine ou que le sujet présente un intérêt particulier ; on aperçoit ainsi directement les figures qui ornent le fond de la coupe, tandis que se réfléchissent dans le miroir avec une netteté parfaite celles qui parent la surface convexe à laquelle s’ajustent les anses et le pied. De même pour les bronzes et les terres cuites ; quand ce sont des figurines en ronde bosse, elles sont placées, à hauteur d’appui, sur des tables recouvertes d’un vitrage qui permet à l’œil de suivre tous les contours de ces petits chefs-d’œuvre. D’autres objets plus menus encore, tels que des appliques détachées du coffret auquel jadis elles appartenaient, tels que des ivoires, des tessères et des miroirs étrusques, remplissent des tablettes sur lesquelles le spectateur peut se pencher tout à son aise. C’est par le manque de place qu’il faut expliquer le seul défaut que l’on puisse reprocher à l’aménagement de ces salles : les armoires adossées aux parois et même quelques-unes de celles qui sont isolées au milieu de la chambre sont trop hautes. Il y a des vases placés à plus de deux mètres au - dessus du sol ; les figures ne s’en laissent apercevoir que d’une manière bien confuse. C’est là un inconvénient qu’il sera facile de corriger lorsque les collections d’histoire naturelle, qui occupent la plus grande partie des salles du premier étage, auront cédé aux antiques tout l’espace qu’elles détiennent aujourd’hui ; alors un conservateur aussi actif et aussi industrieux que M. Newton pourra se donner le luxe d’un musée où tous les objets soient à portée de l’œil. Aujourd’hui, au Musée-Britannique, si l’arrangement des sculptures ne laisse, pour ainsi dire, rien à désirer au point de vue de l’étude des marbres