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pente assez douce et de larges paliers, sur la gauche du vestibule. Pourquoi plutôt à gauche qu’à droite ? L’esprit n’en saisit point au premier abord la raison, une raison d’économie ; quand il l’a trouvée, il est loin de se déclarer satisfait. Ce défaut n’est d’ailleurs point racheté par l’élégance ou la noblesse de la décoration ; rien de plus sec et de plus froid que cette grande cage nue. Ici ni matériaux précieux, ni moulures d’un heureux caprice, ni peintures étoffées et riches. On a peine à s’expliquer le placard officiel qui interdit de toucher les parois en montant ; des extraits de jugemens rappellent même les amendes prononcées contre les délinquans. Au Louvre, nous n’avons pas eu besoin de tant de précautions pour protéger des monumens d’une bien autre valeur, ce bel escalier de Percier et Fontaine qu’a détruit un caprice souverain, ce charmant escalier d’Henri II par lequel on arrive aujourd’hui aux galeries de peintures.

En revanche, l’aménagement intérieur des galeries est vraiment bien entendu ; elles ont cet avantage d’avoir été construites tout exprès pour l’usage auquel elles sont affectées. Tel n’est point le cas pour le musée des antiques au Louvre : les salles du rez-de-chaussée ont une beauté sévère et d’admirables perspectives, que l’on chercherait en vain dans le Musée-Britannique ; mais les murs en sont trop épais et les fenêtres trop éloignées l’une de l’autre pour que toutes les statues soient bien éclairées. Beaucoup d’entre elles sont vraiment sacrifiées ; on ne les voit que sous un faux jour, ou bien on ne les voit pas du tout. Dans ce long couloir, au fond duquel la Vénus de Milo se dresse superbe et triomphante, quelques-unes sont plongées dans une ombre si profonde qu’il est presque impossible de les étudier. Ici la plupart des salles de la sculpture, les plus importantes, sont éclairées par en haut. Sans doute la lumière que l’on obtient ainsi n’est pas toujours celle qui frappait les Objets dans leur cadre primitif : tel marbre a pu être taillé pour un jour plus vif, l’effet de tel autre calculé pour des rayons plus verticaux ou plus obliques ; mais allez donc dans un musée rechercher et rétablir pour chaque figure ce milieu natif, ces conditions qui nous sont souvent si mal connues ! Il faut bien prendre une moyenne, et celle-ci, surtout sous le climat de Londres, était la meilleure où l’on pût s’arrêter. Dans les pièces dont les murs ont un second étage à supporter, il a fallu chercher la lumière sur les côtés, la demander à des fenêtres dont plusieurs donnent sur des cours intérieures. C’est ce qui est arrivé pour le salon lycien, pour la grande nef centrale qui contient les antiquités égyptiennes ; aussi, même en plein midi du mois d’août, bien des objets y sont-ils difficiles à distinguer. Il est telle face des monumens de Xanthos, avec ses inscriptions et ses bas-reliefs, que je