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part maintenant, lorsque, par la mort de quelque riche amateur ou par suite d’une fouille heureuse, il se présente une de ces occasions dont il faut profiter sur l’heure, aucun ministre des finances n’hésite à munir les trustees de la somme demandée ; s’agit-il de 500,000 francs et de plus encore, comme le cas s’est présenté plusieurs fois, la chambre, il le sait, ratifiera de son vote ces crédits supplémentaires déjà dépensés. Aussi, pendant qu’on se consulte à Berlin et à Paris, à Londres on achète. Il en est de même pour les voyages et les fouilles dont le musée est appelé à recueillir les fruits. On sait avec quelle libéralité toutes les ressources de l’Angleterre ont été prodiguées aux explorateurs de l’Assyrie et de la Lycie, à ceux des ruines d’Éphèse et de Cyrène, d’Halicarnasse et de Cnide. Appui diplomatique cordial et résolu, concours actif de la marine royale, larges subventions, vifs encouragemens de l’opinion et de la presse, rien n’a été refusé aux Layard, aux Fellows, aux Newton, pour ne nommer que les plus heureux et les plus célèbres de ces hardis soldats de l’archéologie militante.

Les cinquante dernières années, si pleines et si brillantes, c’est ce que l’on peut appeler la période contemporaine de l’histoire que nous retraçons ; on ne saurait employer pour en présenter le tableau la méthode qui a été suivie lorsqu’il s’agissait de démêler les origines complexes du musée. La tâche serait trop longue, s’il fallait énumérer une à une les acquisitions de quelque valeur. Pas d’année qui n’en compte plusieurs, souvent fort importantes. Pour qui veut savoir à quel moment serait entré dans le musée tel ou tel objet, telle ou telle série qui ne provient pas des anciennes collections, il suffit de consulter les rapports imprimés chaque printemps par ordre du parlement. On y voit figurer, à la suite du budget du musée, un « exposé des progrès qui ont été faits dans l’arrangement des collections et un compte-rendu des objets qui y ont été ajoutés dans l’année[1]. »

Renonçant à entrer dans ces détails, nous parcourrons rapidement le musée tel que l’ont fait les travaux exécutés, les libéralités reçues, les achats opérés entre 1830 et 1875 ; nous essaierons de donner une idée de la physionomie qu’il présente et de l’impression

  1. Ces rapports commencent à figurer dans les Parliamentary papers en 1813 ; mais, pendant bien des années, ils ne contiennent que le chiffre des recettes assurées au musée soit par les capitaux dont il est propriétaire, soit par les crédits que lui accorde la chambre, puis, avec le détail des dépenses, le nombre des personnes qui ont visité les collections pendant l’année. Le tableau n’occupe alors que deux ou trois pages in-4o. C’est vers 1840 que ces rapports se développent et commencent à contenir des données précieuses sur l’accroissement des collections. Celui qui concerne l’exercice 1842 a 9 pages, celui de 1874 en compte 40. À mesure que le parlement donne plus d’argent, il tient à être mieux renseigné sur l’emploi qu’en a fait l’administration du musée.