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qui joue le rôle principal a le titre d’adfertur. On s’est demandé à quel sanctuaire appartenait cette corporation, et l’hypothèse que nous avons ici les actes d’un temple célèbre de l’antiquité a été émise par Passeri et Huschke. Le poète Claudien racontant le voyage de Ravenne à Rome fait par l’empereur Honorius, décrit une sorte de tunnel qui, non loin d’Iguvium, après les lieux appelés Fanum Fortunœ et Saxa intercisa, traverse les Apennins dans le voisinage se trouvait le temple de Jupiter Apenninus, dont on voit encore aujourd’hui les ruines et dont les oracles étaient célèbres dans l’antiquité. On a voulu rapporter les tables à ce sanctuaire. Il faut dire que rien ne vient confirmer cette hypothèse. Jupiter Apenninus n’est point nommé par nos textes. Si l’on songe en outre au lieu de découverte des tables, on sera amené à écarter absolument la conjecture de Passeri. C’est à quelque temple placé dans la ville, peut-être sur la colline si souvent désignée sous le nom d’Ocris Fisius, qu’a dû appartenir la corporation attidienne. Quant à ce dernier nom, Lanzi l’avait déjà rapproché du nom des Attidiates, population ombrienne citée par Pline, et du nom de la ville moderne d’Attigio. Il est probable que cette ville, qui portait dans l’antiquité le nom d’Attidium, était le lieu d’origine de la corporation.

Une semble pas que la confrérie attidienne fût vouée spécialement au service d’une seule divinité; nous voyons qu’elle offre des sacrifices à toute une série de dieux et de déesses. Grâce à cette circonstance, les Tables eugubines nous fournissent de précieux renseignemens sur le panthéon d’un peuple italique. Certains noms coïncident exactement avec les noms romains : tels sont Jupiter, Sancus, Mars. D’autres présentent une ressemblance plus ou moins lointaine, comme Fisus, Grabovius, Cerfius. D’autres encore éteint entièrement inconnus, comme Vofionus, Tefer, Trebus etc Nous avons donc ici les monumens d’un culte indigène que la religion romaine n’avait pas encore effacé. Le texte se apporte à différentes cérémonies sacrées dont la corporation attidienne était chargée. On aurait tort de rien chercher qui ressemblât à des inscriptions commémoratives : ces tables, dont quelques-unes étaient fixées contre les parois du temple, comme l’indiquent encore les trous destinés à recevoir les clous et des blancs laissés dans le texte pour la place des attaches, contiennent des prescriptions relatives au rituel ou des résolutions votées en assemblée par le collège. Il s’agit par exemple, sur les tables VI et VII. d’une purification de la colline fisienne et d’une lustration du peuple iguvien.

Il faut d’abord prendre les auspices : la nature et le vol des oiseaux qui seront considérés comme un présage favorable sont stipules à l’avance entre l’augure et l’adfertor. L’épervier et le