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large de 63 mètres au niveau de l’eau. Ce travail a été exécuté sous la direction des ingénieurs sir John Hawkshaw et M. J. Dirks. Les grands canaux du Zuiderzée seront établis à peu près dans ces proportions; la marine exige pour ses vaisseaux des voies aussi spacieuses. Deux lignes principales traverseront les polders de création nouvelle. La première, d’Enkuizen à Amsterdam, se dirigera d’abord en ligne droite jusqu’au Pampus, puis entrera dans l’Y avec une forte courbe; sur son parcours, elle enverra quatre ramifications vers Hoorn, Schardam, Edam, Monnikendam et le canal de Nord-Hollande. La seconde ligne, partant des environs d’Harderwijk, longera la côte méridionale en gagnant directement Huizen, pour se relever ensuite vers le Pampus avec un angle très ouvert et pour se raccorder avec la première ligne; deux bras de quelques kilomètres la relieront en outre à Muiden et à l’embouchure de l’Eem.

Au système des grands canaux maritimes s’ajoute celui des canaux de décharge et de communication (hoofdpoldersbœzem).Beaucoup moins larges, beaucoup moins profonds, soutenus aussi par des chaussées, ils servent pour le dessèchement, et ils sont des voies de transport : leur lit emporte vers les réservoirs le trop-plein des eaux que pompent les machines et est sillonné sans cesse par de longs bateaux qui glissent silencieusement au-dessus des polders verdoyans. Ces canaux de second ordre formeront quatre lignes principales. La première longera la grande digue d’Eukuizen à Kampen ; deux autres, parallèles entre elles, courront par le travers du Zuiderzée, dans la direction sud-ouest et nord-est; la quatrième partira de l’île d’Urk et descendra vers le sud en ligne droite, après avoir rencontré les deux lignes précédentes. On pourrait donc figurer grossièrement ce réseau avec deux parallèles que traverserait une oblique, coupée elle-même par une perpendiculaire dans sa partie supérieure. Nous négligeons ici le détail des ramifications accessoires, au nombre de huit ou dix, et intelligibles seulement avec le secours d’une carte.

Pour garantir aux terres conquises un bon état de dessèchement, tout cela ne suffit point encore. Il faut que le sol soit labouré en tout sens par des milliers de fossés, de rigoles, de ruisseaux, profonds de 1m,50 à 0m,50, larges de 3 mètres à 1 mètre. La multitude des petits parallélogrammes ainsi obtenus donne aux nouveaux polders l’aspect d’un immense échiquier, ou mieux encore d’une vaste toile d’araignée qui serait tissée avec des fils d’eau. On peut du reste se représenter l’importance de tous ces travaux, si on songe que, dans l’Y, pour le polder de Wijkermeer, grand de 858 hectares, le cahier des charges portait 223,870 mètres de fossés, et 24,850 mètres de chemins larges de 7 mètres au sommet. Or les polders du Zuiderzée auront 200,000 hectares !