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des angles inégaux. La partie inférieure au niveau des eaux basses est construite en pierre, avec une inclinaison de 1 mètre par 3, 4 ou 5 mètres, selon l’endroit. A partir du point ou se brise le flot, commence un second plan, encore en pierre et incliné de 1 mètre par 20 mètres. Enfin, au-dessus des marées moyennes, le troisième plan se relève de 1 mètre par 3 mètres, ce qui suffit pour une surface que la mer atteint rarement. La berme seule est gazonnée On a dû aussi, en raison de la mobilité des terrains argileux et vaseux sur lesquels on travaillait, changer quelque chose à la composition intérieure de l’ouvrage, et recourir à l’emploi des plates-formes en fascines, fort usitées aux Pays-Bas. Ces plates-formes fortement liées, et superposées en se rétrécissant, forment de chaque côté de la digue des massifs très résistans, entre lesquels on fait un remplissage de terre et de sable. Par ce moyen, on prévient les affaissemens et les écroulemens, on obtient une stabilité parfaite, et on donne au barrage une indissoluble ténacité.

Sans doute on ne peut prévoir pour la digue du Zuiderzee les innovations partielles que suggérera peut-être aux ingénieurs une expérience chaque jour plus clairvoyante ; mais il est incontestable que les dispositions qui viennent d’être expliquées seront généralement adoptées. Il est vraisemblable toutefois que la configuration extérieure de la digue se rapprochera de celle de l’Y plutôt que de celle de Walchren, parce qu’on réalisera ainsi une grande économie de matériaux et de main-d’œuvre. Dans tous les cas on a pu dès maintenant se faire sur l’ensemble des travaux une idée assez exacte pour évaluer approximativement le prix de revient.

Une fois la digue construite, il faut procéder au dessèchement. A cet effet on divise d’abord en portions secondaires le terrain précédemment isolé. Les carrés ainsi formés sont épuisés à leur tour par de puissantes machines, situées le long des canaux de décharge. Ces canaux de décharge se raccordent aux grands canaux de communication maritime, qui aboutissent eux-mêmes aux vastes réservoirs, où l’eau s’accumule en attendant pour sortir l’heure favorable de la marée basse. Pour la description de ces travaux compliqués, nous suivrons le plan dressé par M. Leemans.

Les grands canaux maritimes (zuiderzeebœzem) ont pour objet propre de rendre, après le dessèchement, accessibles aux gros navires les ports qui bordent aujourd’hui le littoral de la mer. Plusieurs ouvrages de ce genre existent déjà dans le pays ; sans parler du vieux canal de Nord-Hollande, construit dans les terres sur 80 kilomètres de longueur avec 42 mètres de largeur et 7 mètres de profondeur, Amsterdam vient d’être relié à la mer par un nouveau canal, qui traverse le golfe desséché de l’Y entre feux levées énormes et qui coule plus haut que le sol, profond de 7m,50 et