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le rendement moyen en or est même plus grand qu’il n’a jamais été ; mais la production va se réglant, et les accumulations superficielles des placers ou des gîtes quartzeux ont été partout enlevées. Comme une sorte d’harmonie règne dans les choses de ce monde, le stock métallifère du globe arrive de plus en plus à sa composition normale ; en même temps qu’on trouve moins d’or, on produit beaucoup plus d’argent.

En 1874, la Californie n’extrayait plus que 88 millions de francs en or, le quart de ce qu’elle avait extrait vingt ans auparavant, et tous les autres états ou territoires aurifères ne donnaient ensemble que 42 millions ; mais la production de l’argent, de plus en plus croissante, arrivait à 235 millions. La portion des États-Unis comprise entre les Montagnes-Rocheuses et le Pacifique atteignait ainsi, dans l’extraction des métaux précieux, le chiffre de 365 millions de francs, qui n’avait pas encore été constaté et qui sera certainement dépassé en 1875, où l’on compte produire 400 millions. La première en date de ces régions minières si étonnamment fécondes, la Californie, est depuis longtemps définitivement organisée. C’est désormais un pays tranquille et prospère, où les mines, l’agriculture et l’industrie manufacturière se donnent heureusement la main. Aujourd’hui, la population de cet état atteint 750,000 âmes et la ville de San-Francisco, justement appelée la reine du Pacifique, compte 250,000 habitans. Dans cette région privilégiée, sous ce bienfaisant climat, qui est véritablement celui d’un paradis terrestre, tous les arbres fruitiers, tous les légumes d’Europe, en même temps que les plantes des pays chauds, sont utilement cultivés, et la terre, à peu près vierge et plus fertile qu’ailleurs, donne des produits incomparables ; on connaît partout le volume, la saveur des fruits, des légumes de Californie. Les céréales, la vigne, fournissent des récoltes de plus en plus abondantes. En 1874, il a été produit 30 millions de boisseaux ou 10 millions d’hectolitres de blé, 4 millions de gallons ou 150,000 hectolitres de vin. Comme en Australie, l’élève des moutons s’est beaucoup répandu ; la tonte a produit 18 millions de kilogrammes de laine. On rencontre dans les comtés du centre et du nord des champs de lin, de chanvre, de houblon, et dans ceux du sud le mûrier, le coton, le tabac. Peu de pays offrent à la marine et à l’architecture de plus beaux bois de construction. Sur tous les marchés d’Amérique, le blé et les farines de Californie sont cotés au premier rang. Le Chili, qui fut un moment le nourricier de l’Eldorado, reçoit de lui depuis longtemps des farines et même des céréales. Il est rassurant de constater que 15,000 Français, émigrés en 1848, sont restés dans le pays, y vivent contens, y font bien leurs affaires. Le jardinage, la culture de la vigne, les