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Pacifique. Là encore on trouva de l’or, et souvent en quantité, grâce à une méthode originale, inventée en 1852 par un mineur émigré du Connecticut, qui consistait à désagréger les sables au moyen d’un jet d’eau à forte pression, sortant d’une lance comme celle des pompes à incendie, et dirigé vigoureusement contre la roche : on l’appelait pour cette raison la méthode hydraulique. De larges canaux ou flumes, le long desquels, comme dans le tom et dans le sluice, étaient interposés des obstacles pour arrêter l’or, que saisissait aussi le mercure versé en différens points du parcours, recevaient les terres et les graviers ainsi démolis, et d’autres canaux, partis souvent de très loin, amenaient les eaux à une assez grande hauteur au-dessus du placer. On avait par là une pression et par conséquent une force hydraulique suffisante, comme un bélier d’eau inflexible battant la colline à terrasser. C’était surtout dans les mines du centre et du nord que s’étendaient ces lignes de canaux. Il en avait été aussi établi dans toutes les mines pour le lavage des minerais de quartz aurifère dont.il sera bientôt parlé. On traversait les ravins, les routes, les obstacles naturels ou artificiels, par des siphons, des aqueducs d’une hardiesse étonnante, et laissant bien loin derrière eux tout ce que les Romains avaient pu faire en ce genre de plus osé. La plupart des ingénieurs improvisés qui ont exécuté ces longs nivellemens et mené à bien ces grandes choses n’y ont pas attaché leur nom. Leur œuvre en quelques endroits a même entièrement péri, car tous ces ouvrages, sauf les siphons, étaient en bois.,

Quelquefois les lits de sable et de galets étaient profondément encaissés, surmontés de roches massives, basaltiques, qui s’étaient étalées comme une table sur les alluvions; alors on les rejoignait par des puits ou par des galeries, des tunnels, poussés dans le cœur de ces collines. C’est au fond d’un de ces puits que fut écrasé un jour un mineur missourien, qui resta saisi dans l’éboulement. Plus tard le savant Whitney, qui devait attacher son nom à la géologie californienne, rencontra dans le même lieu un crâne humain fossile. L’événement fît grand bruit, même en Europe, où toutes les sociétés savantes enregistrèrent à l’envi cette étonnante découverte. On alla jusqu’à prétendre que le crâne était d’âge tertiaire, ce qui ne s’était pas encore vu : la période quaternaire ou diluvienne avait eu seule jusqu’alors le privilège de contenir des débris humains fossiles, ce dont certains maîtres de la science osaient même douter, prétendant que tous ces témoins supposés du déluge n’étaient que nos contemporains. Disons bien vite que l’homme préhistorique de la Californie ne semble pas plus authentique que celui d’Abbeville en France, où la fameuse mâchoire de