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comme le plus vrai. C’était le système du centre gauche, c’était celui le gouvernement de M. Thiers proposait dans les projets constitutionnels soumis à l’assemblée à la veille du 24 mai 1873, Pourquoi ce qui était bon avant le 24 mai ne le serait-il plus aujourd’hui ? Nous avec les projets de 1873, et M. Dufaure, M. Léon Say, ministres en ce moment comme ils l’étaient à la veille du 24 mai, ne font que ce qu’ils ont proposé eux-mêmes. — Eh ! oui, sans doute, disent des hommes qui ont changé d’avis ou qui hésitent du moins, oui, sans doute, c’est mille fois vrai, le scrutin d’arrondissement est le procédé régime régulier ; mais nous ne sommes pas dans un temps régulier, la république et la constitution sont fragiles, elles ont besoin d’une consécration populaire, d’autant plus que la politique du vice-président du conseil actuel n’est rien moins que rassurante. Qui donc croira que le régime du 25 février est régulier et définitif, si ceux qui l’ont ont l’air de ne pas le croire, s’ils donnent l’exemple de cette défiance contagieuse, s’ils laissent le pays sous cette impression que tout peut être mis en doute ? Ne voit-on pas que c’est là encore de l’incertitude, qu’on risque de donner des armes à des adversaires dangereux qui vont répétant sans cesse que rien n’est fait, qu’il n’y a qu’un expédient efficacité et sans durée, que la seule chose importante dans la constitution, dans les élections prochaines, c’est la révision, et qu’après tout, plébiscite pour plébiscite, mieux vaut le plébiscite départemental ?

Qu’on y réfléchisse encore une fois au moment où l’assemblée va être obligée de faire son choix, où tout va se décider ; qu’on se dise bien le meilleur moyen d’arriver à une certaine stabilité dans la répubUque et même de ramener le gouvernement à la pratique simple et franche de la constitution, ce n’est pas d’embarrasser des questions permanente de considérations de circonstance, de préoccupations de parti ou d’impatiences d’opposition.

Et ce qui est vrai de la loi électorale, du choix d’un mode de scrutin, ne l’est pas moins d’un autre article que l’opposition républicaine inscrire sur le programme de sa prochaine campagne : la restitution aux conseils municipaux du droit de nommer les maires. La question est assurément des plus complexes, et on peut se souvenir qu’à un des momens les plus critiques de 1871 l’assemblée était dans un tel entrain de libéralisme administratif et de décentralisation que M. Thiers fut obligé de lui faire presque violence pour réserver au gouvernement le droit de nommer les maires dans les grandes villes. Depuis le 24 mai, on est allé bien plus loin, le gouvernement a reconquis le droit de directement les maires dans toute la France. Aujourd’hui, après avoir été assez peu favorable à la décentralisation en 1871, le parti se ravise et veut rendre aux municipalités ce droit de nommer les maires sur lequel M. Thiers avait des doutes si prévoyans.