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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.



31 octobre 1875.

Heureusement les vacances parlementaires vont finir, avant une semaine l'assemblée sera de nouveau réunie à Versailles, et la politique se trouvera forcément ramenée à des conditions plus précises. On aura beau faire, on sera invinciblement conduit à serrer de plus près toutes ces questions qui s'agitent aujourd'hui dans le vide, et du premier coup on sera en présence de la plus sérieuse, de la plus urgente des questions, qui est de compléter l'organisation donnée à la France, de mettre en mouvement ce système constitutionnel dont le pays a jusqu'ici entendu parler sans le connaître.

Ce sera heuieux. Si les vacances se prolongeaient encore, on finirait par se perdre dans un tourbillon de discours, de manifestations, de contradictions, de commentaires qui ne font que se multiplier et épaissir l'obscurité aux approches de la session. Quand ce ne sont pas les radicaux qui promènent leur intransigeance turbulente et vagabonde, c'est le bonapartisme qui s'en va avec M. Rouher porter en Corse l'audace de ses revendications, de ses défis et de ses allusions ou de ses réticences offensantes pour M. le président de la république aussi bien que pour M. le vice-président du conseil. Quand ce n'est pas la constitution qui est soumise à la torture des interprétations captieuses, c'est la politique ministérielle qui passe par tous les laminoirs des polémiques subtiles. Quand ce n'est pas de la direction générale des affaires qu'il s'agit, c'est aux ruses et aux subterfuges de la tactique que les raffinés s'amusent. C'est un tumulte assourdissant où il y a plus de vaines paroles et de conjectures hasardeuses que de faits, où les partis se font à tour de rôle un thème de tous les bruits, des plus futiles incidens, des intentions ou des arrière-pensées qu'ils se prêtent mutuellement, de ce qu'ils inventent ou de ce qu'ils supposent, au risque de substituer une politique de fantaisie brouillonne aux réalités d'une situation déjà par