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LES
SAGAS ISLANDAISES

LA SAGA DE NIAL.

Ce n’est pas seulement la nature, c’est aussi l’histoire qui a fait de l’Islande une terre digne d’étude. Nos lecteurs ont pu juger récemment, par un attachant récit[1], de ce que sont les aspects de ses fjords et de ses côtes; les rapports des voyageurs dans l’intérieur de l’île n’offrent pas un moindre intérêt. Presque entièrement composée de glaciers et de volcans, elle est comme un champ-clos pour la lutte perpétuelle et terrible des deux élémens, l’eau et le feu. De nouveaux cratères s’y forment sans cesse, répandant des flots de lave ou des nuées de cendres que les vents emportent sur toute l’île, en Norvège, en Angleterre, quelquefois jusque sur le continent. Le feu souterrain y engendre des richesses minérales qui, assez mal exploitées jadis, offrent à la science et à l’industrie de précieux encouragemens; il y entretient une grande quantité de sources chaudes qui paraissent ne servir aujourd’hui qu’à l’étonnement du touriste, alors que geyser et strokkur, — bassins ou puits d’eau bouillante, — lancent dans les airs, par éruptions tantôt régulières et spontanées, tantôt provoquées ou intermittentes, des colonnes de 30, de 40, de 100 mètres retombant en vapeurs ou en pluie. En même temps de vastes plateaux dans tout le centre de l’île se couvrent de glaces, qui éteignent ce que les matières volcaniques engendreraient de végétation.

  1. Voyez dans la Revue du 15 octobre l’étude de M. George Aragon, les Côtes d’Islande et la pêche de la morue.