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que ce banquier est désormais célèbre dans le monde hellénique. « Célèbre, non, connu, oui ; » il l’était avant l’affaire du Laurium, il l’est encore après, et vous conviendrez que j’ai intérêt à ce que le public ne soit pas induit en erreur sur la valeur morale de ce banquier-là.

Or ce banquier, monsieur le directeur, n’est point un spéculateur de Kaviarokhan, il est l’administrateur d’un établissement bien connu, constitué au capital de 25 millions de francs, et qui a nom la Banque de Constantinople. C’est au nom de la Banque de Constantinople que j’ai traité à Athènes l’affaire du Laurium, que M. Burnouf dépeint comme inextricable dans ce moment. Ce qui me fait croire qu’elle ne l’était pas, c’est que je l’ai dénouée et arrangée. A quelles conditions l’ai-je fait ? A des conditions qui sont tout justes le contraire de ce qu’indique M. Burnouf.

Il dit que j’ai acheté la propriété entière pour 12 millions 1/2, et que quelques jours après je l’ai revendue 20 millions au public.

Or, 1° je n’ai pas acheté la propriété 12 millions 1/2, mais 11 millions 1/2 seulement.

2° J’en ai fait l’apport au nom de la Banque de Constantinople à la nouvelle société, non pour 20 millions, mais pour 11 millions 1/2, c’est-à-dire au prix coûtant.

3° La nouvelle société, constituée au capital nominal de 20 millions, n’a appelé qu’un capital effectif de 14 millions de francs, " représenté pour 11 millions 1/2 par l’apport transmis au prix coûtant, et pour 2 millions 1/2 Par l’argent nécessaire aux frais d’installation et au capital de roulement.

Telle est, monsieur, sur cette affaire, la vérité attestée par des actes publics que je tiens à votre disposition et à celle de M. Burnouf.

Peut-être me permettrez-vous d’ajouter un mot. C’est que, s’il est vrai que la question du Laurium fût à la veille d’amener des complications graves entre la France, l’Italie et la Grèce, et que le gouvernement hellénique se trouvât, selon les appréciations de M. Burnouf lui-même, en présence « d’un échafaudage surprenant d’intrigues, de discussions, de consultations juridiques, de procès, d’articles de journaux, qui ont occupé la Grèce entière pendant plus d’une année, » celui qui, non sans courage, a tranché la question d’un seul coup, se fût-il trompé sur la valeur réelle de la propriété, ne mérite aucun reproche.

Je suis sûr, en tout cas, que, dans une affaire pareille, il me suffira de vous avoir signalé ces erreurs pour que vous vous empressiez de les rectifier par l’insertion de ma lettre dans votre prochain numéro.

Je vous prie, monsieur, de vouloir bien agréer l’expression de mes sentimens les plus distingués.


A.-D. SYNGROS.


Aux chiffres donnés ci-dessus par M. Syngros, nous n’opposerons que deux documens :