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roches vertes, serpentineuses, et mêlé accidentellement à des veinules de minerai de cuivre. Ce rapprochement minéralogique, bizarre à cette distance, mérite d’être signalé.

Cette excursion en Pensylvanie a été l’une des plus curieuses qu’il nous ait été donné de faire en Amérique. Grâce à nos lettres d’introduction, nous fûmes partout reçus, mes compagnons et moi, comme des enfans du pays plutôt qu’en visiteurs étrangers. On alla jusqu’à mettre une petite locomotive à notre disposition, et avec elle nous parcourûmes le pays en tout sens. Malgré la chaleur suffocante de notre étroit compartiment établi au-dessus de la chaudière, — on était en pleine canicule, — nous fîmes cette excursion gaîment. La complaisance inaltérable du guide qui nous avait été donné, les détails intéressans qui nous furent fournis tout le long du trajet tant par lui que par l’un de nos compatriotes, M. Borda, ancien élève de l’École centrale de Paris et l’un des ingénieurs les plus distingués de la Pensylvanie, le charme pittoresque du paysage, la vertigineuse rapidité de notre course à toute vapeur, des haltes marquées à point sur les mines et les usines, à Pottsville, Reading, Allentown, Harrisburg, tout cela nous faisait oublier l’enfer où nous rôtissions.

La Pensylvanie n’est pas le seul état où se rencontrent ces amas énormes de minerai de fer dont il a été parlé. Sur le bord occidental du lac Champlain, à Port-Henry, il faut signaler une masse magnétique cristalline encore plus importante que celle du mont Cornwall, et à 75 milles au sud-ouest de Saint-Louis, dans l’état de Missouri, la célèbre Montagne de Fer, Iron-Mountain, qui couvre une étendue de 200 hectares et s’élève jusqu’à 75 mètres. A 6 milles au sud de celui-ci est un autre amas non moins riche, Pilot-Knob. On tire aujourd’hui de ces gîtes, reliés à Saint-Louis par une voie ferrée, environ 400,000 tonnes par an de minerai qu’on expédie principalement dans les usines du Missouri, de l’Ohio et de la Pensylvanie.

Tous les gisemens ferrifères des États-Unis, quelque riches qu’ils soient, pâlissent devant ceux du Michigan, au bord du Lac-Supérieur, entre l’Anse et Marquette. Il y a là des mines inépuisables, à peine reconnues et qui fournissent déjà plus de 1 million de tonnes annuellement. Les produits extraits sont d’excellente qualité. On en compte quatre variétés : le minerai magnétique, gris, brillant, qui agit sur la boussole comme un véritable aimant, il est très pur, et convient particulièrement à la fabrication de l’acier, — le minerai spéculaire, pailleté, à l’éclat métallique, à la poussière rouge, — l’hématite, terne, compacte, de même composition que le précédent, — enfin le minerai schisteux, en lamelles ardoisées, serrées, le plus pauvre de tous et le plus difficile à réduire. Ces diverses