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LES ORIGINES
DE LA POÉSIE CHRÉTIENNE

II.

L’ÉGLISE ET L’ART ANTIQUE.


A. Ebert, Geschichte der christlich-lateinischen Literatur, Leipzig 1874.



I.

Tous les élémens dont la poésie chrétienne devait se composer un jour ont été créés pendant les deux premiers siècles de l’église ; on rencontre déjà dans les ouvrages de ce temps ces légendes merveilleuses, ces symboles gracieux, ces discussions passionnées, ces croyances riantes ou terribles qui ont inspiré jusqu’ici les poètes chrétiens[1]. Il ne restait plus qu’à leur trouver une forme qui leur convînt, et c’est ce qui ne fut pas aisé. La forme et le fond, l’expression et la pensée, sont des choses à la fois inséparables et très différentes, qu’il n’est pas toujours facile de faire marcher ensemble, quoiqu’elles ne puissent pas aller l’une sans l’autre. La perfection consiste à les mettre d’accord, et les grands siècles littéraires sont ceux où la pensée parvient à s’exprimer dans un style qui lui est tout à fait approprié. Ce qui rend cette harmonie assez rare, c’est que la loi d’après laquelle ces deux élémens se développent n’est pas tout à fait la même. L’histoire de la poésie chrétienne le fait

  1. Voyez la Revue du 1er juillet 1875.