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dues. Vient ensuite le Lot-et-Garonne. On a remarqué à ce sujet que, dans toutes les crues extraordinaires de la Garonne, Toulouse et Agen sont les deux villes qui ont le plus à souffrir ; ce sont en effet les localités les plus importantes que rencontre le fleuve dans la zone des inondations. Le Tarn-et-Garonne ne vient qu’en troisième ligne quant au chiffre des récoltes, mais ce département a eu 116 morts à enregistrer, tandis que l’on n’en trouve que 30 dans le Lot-et-Garonne. L’Ariége occupe la quatrième place, bien qu’elle dût venir en troisième ligne, si l’on n’avait égard qu’au nombre des victimes, car on se rappelle que la catastrophe de Verdun engloutit d’un coup 72 habitans.

Des comités de secours ont été institués au chef-lieu de chacun de ces départemens pour faciliter l’action du comité central et venir en aide d’une façon plus prompte et plus directe aux inondés. Les autres départemens atteints, mais dans des proportions bien moins grandes que les précédens, sont compris, sauf celui de l’Aude, dans la région située entre les Pyrénées et la Garonne et plus spécialement désignée sous le nom de région de sud-ouest. Le montant des souscriptions atteint aujourd’hui 25 millions, et il est probable que l’élan qui s’est manifesté dans toutes les classes de la société ainsi qu’à l’étranger n’a pas dit son dernier mot. Devant de tels résultats, on a pu subvenir aux besoins immédiats des milliers de familles ruinées, pourvoir à leur entretien, leur donner des lits, des vêtemens, les meubles indispensables, remplacer les outils nécessaires pour le travail, enfin leur distribuer des graines qui leur permissent d’ensemencer leurs champs. Malgré les dépenses qu’entraînait une œuvre si laborieuse, le comité central a pu accorder 60 pour 100 pour la construction des maisons détruites, de sorte qu’il sera bientôt permis de dire que les dernières traces de tant de désastres ont disparu.


V

La périodicité des inondations dans le bassin de la Garonne et de ses affluens soulève pour les populations du sud-ouest certaines questions importantes qui méritent d’être examinées. Celle qui frappe tout d’abord l’attention, c’est l’immense quantité d’habitations détruites. Quelques-unes ont été emportées par la violence du courant ; mais c’est là le petit nombre. La plupart se sont effondrées sur place comme si les eaux eussent exercé une action dissolvante sur les fondemens. Enfin, chose non moins extraordinaire au premier abord, tandis que certaines localités voyaient les maisons s’écrouler par centaines, dans d’autres les constructions résistaient vaillamment malgré la violence du courant, et bien que l’eau montât jusqu’au