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congrès de Poitiers ? A quoi bon signaler ainsi par avance les facultés de droit catholiques comme des foyers de propagande de la cause du droit divin ? N’était-ce pas trop de zèle ?

Mais ne nous laissons pas attarder au congrès de Poitiers. Il se peut sans doute que bien des choses intéressantes y aient été dites sur les moyens de mettre à profit cette « liberté d’enseignement » qu’on ne doit pas confondre avec « l’enseignement libre, » à moins de donner le frisson à Mgr Nardi ; mais rien n’en a transpiré dans les comptes-rendus de la presse religieuse, et nous sommes réduits sur ce point à de simples conjectures. Il faut croire toutefois qu’après mûres délibérations « l’œuvre des universités catholiques » n’a point paru aussi aisée qu’elle l’avait semblé d’abord, et qu’au lieu de couvrir la France d’universités catholiques, on se contentera d’en fonder une ou deux tout au plus. Nous n’y trouvons rien à redire, et nous passons au congrès des œuvres ouvrières catholiques de Reims.

Ici, nous nous trouvons en présence d’un fait nouveau, et qui mérite d’être étudié, quoique l’importance en ait été exagérée. Nous voulons parler de l’œuvre des comités et des cercles d’ouvriers, dont M. le capitaine de Mun s’est fait l’apôtre, et qui est née en 1871, au lendemain de la commune. Le but des « comités » est de fonder des cercles d’ouvriers, ainsi que d’autres œuvres d’enseignement, de prévoyance ou de charité. Un comité central établi à Paris est chargé de la direction générale de l’œuvre. Il a partagé la France en sept zones, et dans chacune des comités locaux ont été successivement institués. Chaque comité local est partagé en quatre sections comprenant, 1° la propagande, 2° la fondation et l’entretien des cercles, 3° les finances, la création et l’administration des ressources, 4° l’enseignement. Le président du comité et les chefs des sections constituent le secrétariat, qui gouverne l’œuvre d’une façon tout autoritaire, nous pourrions dire même toute militaire, car l’armée a fourni une bonne partie du personnel actif des comités. Les comités sont, comme on voit, le rouage moteur qui donne l’impulsion et la vie à toutes les autres œuvres. Il en existe aujourd’hui environ 50 qui ont fondé une centaine de cercles. Quant aux œuvres de toute sorte, actuellement en fonctions, un rapport de M. le comte Gaston Yvert nous en donne le chiffre. Elles sont au nombre de 1,127 avec un total approximatif de 136,000 adhérens. Parmi ces œuvres, les plus importantes sont les cercles et l’œuvre des conférences ou de Jésus ouvrier, consacrée à l’enseignement. Les cercles offrent quelques points de ressemblance avec les mechanics institutions d’Angleterre ; ce sont des lieux de réunion où les ouvriers affiliés trouvent des distractions destinées à