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l’image exacte de nos cafés-concerts. La scène est fermée par un rideau de drap rouge, destiné à masquer le chœur. Pas d’autel, ni de chaire ; mais au-dessus de la rampe une espèce de tribune également recouverte en étoffe rouge, Quand je pénétrai dans la salle, je trouvai sur les dix premiers bancs, réservés aux membres réguliers de la congrégation, un public de cent vingt-cinq ou cent cinquante personnes d’apparence assez distinguée. Les huit derniers bancs, réservés, aux « visiteurs d’occasion, » étaient plus garnis encore. Les loges d’avant-scène, probablement louées à des prix assez élevés, renfermaient quelques familles qui étaient sans doute la fine fleur des fidèles. Enfin une quarantaine de personnes avaient pris place dans la galerie qui faisait à mi-hauteur le tour intérieur de l’édifice.

Un petit imprimé, répandu à profusion sur les bancs, m’apprit que la congrégation est en train d’amasser des fonds pour se bâtir un temple. Les travaux ne doivent commencer qu’au jour où les souscriptions auront atteint 1,000 livres sterling. Au commencement d’avril, elles s’élevaient déjà à 613 livres 16 shillings, soit environ 15,332 fr. 50 c, et il faut ajouter que près de 37,000 fr. ont déjà été promis pour l’époque où le building fund aurait atteint ses premières mille livres, Un seul individu figure dans cette dernière catégorie de souscripteurs pour la somme de 12,500 francs. Plusieurs anonymes ont 4pnné jusqu’à 100 livres chacun. Je remarque sur la liste des officiers, des baronnets, beaucoup d’hommes de science pomme feu sir Charles Lyell et sir John Bowring, etc.

Le révérend Ch. Voysey reproduit également un type de clergyman assez répandu en Angleterre : petite taille, avec une légère tendance à l’embonpoint, cheveux noirs et aplatis, visage soigneusement rasé. Comme dans les églises unitaires, je trouvai sur le banc où l’on m’installa un rituel spécialement composé pour la congrégation. De même que le rituel du révérend Martineau offre un résumée de la liturgie anglicane corrigée par l’exclusion de toute formule trinitaire, le Revised prayer book du révérend Charles Voysey semble un résumé de la liturgie unitaire soigneusement dépouillée de toute formule chrétienne. Pour la première fois je vis apparaître dans une liturgie des rites destinés à la crémation des morts ; je regrette de n’avoir pas demandé à l’auteur s’il avait déjà eu occasion de les appliquer.

Quand le révérend Charles Voysey monta au bruit de l’orgue dans l’espèce de tribune qui lui sert à la fois de pupitre et de chaire, je remarquai qu’il avait conservé le surplis et l’étole de l’église anglicane. Au premier abord, on ne peut se défendre d’une certaine surprise, quand sous ce costume de prêtre chrétien, après un service religieux calqué sur la liturgie des églises chrétiennes et