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besoin que d’être régularisée par le placement Me quelques pieds nouveaux. A la vérité, elle se trouve encore aux mains d’un chef arabe très influent, président du douar Chenacha, qui a été exempté du séquestre et qui tient fort à la conserver. Bien que le gouverneur-général ait prononcé dès le 21 avril dernier l’expropriation définitive avec prise de possession d’urgence des enclaves du territoire, cette mesure tarde un peu à s’exécuter. Comme à Azib-Zamoun, comme à Boukhalfa, les indigènes séquestrés ou non tiennent toujours le pays ; il faudra évidemment que l’administration s’occupe de leur assigner de nouveaux cantonnemens, et mette fin à un état de choses qui pourrait en se prolongeant porter entrave à la colonisation.

Une autre mesure de précaution indispensable est celle qui regarde les empiétemens du Sebaou. Ce cours d’eau assez considérable, et dont le lit se déplace fréquemment, s’est depuis quelques années violemment rejeté sur sa rive gauche ; chacune de ses crues entraîne et fait disparaître des quantités de terre considérables. Déjà par suite de ces érosions la route qui longeait le fleuve a dû être à trois reprises reportée de plusieurs centaines de mètres dans l’intérieur ; tout dernièrement encore les eaux, gonflées par les pluies, ont causé sur tout leur parcours de nombreux dégâts ; il est d’autant plus regrettable que l’administration ait cru devoir ajourner jusqu’ici les travaux réclamés par la société. De quelle sorte seront ces travaux ? Que vaut-il mieux d’une digue ou d’un éperon qui rejetterait le Sebaou dans son ancien lit, c’est-à-dire vers sa rive droite, dont la nature rocheuse peut davantage résister à ses attaques ? Aux ingénieurs de décider. Ce qui importe surtout, c’est d’opposer à la marche du fleuve un obstacle prompt et efficace sous peine de le voir entraîner lambeau par lambeau tout ce fertile territoire, et arriver en peu d’années au pied même de la montagne. Cela fait, on n’aura plus qu’à commencer la construction du futur village, dont l’emplacement est déjà fixé sur la rampe d’une petite colline, au-dessus du village arabe actuel.

Quant aux autres terrains que doit recevoir la société dans la province d’Alger en échange d’Aïn-Tinn rétrocédé, le choix lui a été laissé par le général Chanzy entre plusieurs emplacemens : Chabet-el-Ameur d’un côté, Taourga et Dra-ben-Kedda de l’autre, présentant tous de réels avantages. Chabet-el-Ameur, sur l’ancienne route des Issers à Dra-el-Mizan, est dans une position très saine, grâce aux vents de mer qui le visitent constamment ; les terres y sont d’excellente qualité, les eaux n’y manquent pas, on y trouverait de la pierre à bâtir et de la pierre à chaux ; dans le voisinage est une forêt de chênes-lièges exploitée depuis dix ans ; par malheur le pays offre encore peu de sécurité ; les Beni-Khalfoun, sur lesquels