Page:Revue des Deux Mondes - 1875 - tome 10.djvu/901

Cette page a été validée par deux contributeurs.


LA
NATURALISATION DES INDIGÈNES
EN ALGÉRIE

Nous avons, dans une précédente étude[1], exposé la condition des étrangers en Algérie et essayé de rendre compte des causes qui les portent à rechercher la naturalisation française ou les en éloignent. Le droit de cité ne leur a pas toujours été également utile et accessible. Le sénatus-consulte de 1865 est venu faciliter les moyens de l’acquérir, et le nombre des naturalisations a sensiblement augmenté du jour où, en restituant à nos concitoyens d’Algérie l’exercice de leurs droits politiques, le législateur a doublé le prix du titre de citoyen français. On voit donc la naturalisation s’étendre à mesure qu’il s’attache plus de valeur au titre qu’elle confère. Si une politique prévoyante nous conseille de persister dans cette voie, de ne négliger aucun moyen d’attirer les étrangers à notre nationalité, cette nécessité s’impose avec une tout autre énergie encore à l’égard des indigènes, qui sont la grande force productrice de l’Algérie.

La statistique générale de l’Algérie pour la période sexennale de 1866 à 1872, récemment publiée par le ministère de l’intérieur, établit qu’en 1872 le nombre des têtes de bétail possédées par les Européens était de 392,375, tandis qu’il s’élevait pour l’indigénat à 9,774,852, que la même année, qui fut une année de rendement moyen, il y eut une production de 12,300,162 quintaux métriques de céréales, sur lesquels 4,047,517 de blé dur, culture presque exclusive aux tribus, et 727,190 de blé tendre provenant uniquement des Européens. Les 6,266,724 quintaux métriques d’orge

  1. Voyez la Revue du 1er juin 1875.