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considérations de santé, l’hiver surtout ; je suis tout prêt à donner des éclaircissemens plus circonstanciés à tous ceux qui se croient la vocation d’être mes juges en cette matière : pour vous, vous m’en croirez sans autres détails de médecine. Quant à la photographie Lucca, vous porteriez probablement un jugement moins sévère, si vous saviez à quel hasard elle doit son origine. En outre, Mlle Lucca, quoique cantatrice, est une dame à laquelle on n’a jamais, pas plus qu’à moi, reproché des relations illicites. Néanmoins j’aurais certainement eu soin de me tenir en dehors du verre braqué sur nous, si j’avais dans un moment tranquille réfléchi au scandale que tant de fidèles amis devaient trouver à ce badinage. Vous voyez par les détails dans lesquels j’entre que je considère votre lettre comme bien intentionnée, et que je ne songe en aucune façon à me mettre au-dessus du jugement de ceux qui partagent avec moi la même foi ; mais j’attends de votre amitié et de vos lumières chrétiennes que vous recommandiez aux autres, pour les circonstances futures, plus d’indulgence et de charité dans leurs jugemens : nous en avons besoin tous. Je suis du grand nombre des pécheurs auxquels manque la gloire de Dieu ; je n’en espère pas moins comme eux que, dans sa grâce, il ne voudra pas me retirer le bâton de l’humble foi à l’aide duquel je cherche à trouver ma voie au milieu des doutes et des dangers de ma situation ; cette confiance toutefois ne doit pas me rendre sourd aux reproches faits par des amis, ni impatient de jugemens superbes et durs. »


Serrons la haire avec la discipline ; ne songeons plus qu’au diplomate en tunique et en casque, au « comte de fer » (der eiserne graf), comme l’appellera bientôt son peuple, et voyons les dispositions de la France à son égard au moment où, après avoir quitté la vallée rocailleuse de Gastein, il se préparait à visiter la douce plage de Biarritz pour y saluer le sphinx, pour l’interroger, le deviner, et… le précipiter !

Dans les conseils de l’empire, les débats étaient devenus de jour en jour plus vifs entre les anciens et les modernes, entre les zélateurs du droit nouveau et les partisans d’une politique plus circonspecte et traditionnelle, à mesure que s’était accentué et aggravé le conflit austro-prussien. Les ardens eussent volontiers poussé à une alliance offensive et défensive avec la Prusse. Ils montraient le mouvement irrésistible qui entraînait l’Allemagne vers l’unité et les avantages que retirerait la France en favorisant cette évolution au lieu de la contrarier, en s’attachant par les liens d’une reconnaissance éternelle le Piémont de la Germanie comme elle l’avait déjà fait avec celui de la péninsule. Amis passionnés de l’Italie et adversaires plus violens encore de l’Autriche, ce boulevard de la