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s’étendaient, la garantie de l’état devait devenir plus onéreuse. Deux compagnies ont été assez, heureuses pour n’y avoir point recours, cette du Nord, celle de Paris-Lyon-Méditerranée. La garantie débuta par des chiffres très, modestes, elle est inscrite, pour 40 millions, au projet de budget de 1876[1]. A la fin de 1872, l’état avait déjà payé plus de 274 millions aux compagnies ; aujourd’hui il a dépensé 318 millions. Que ce chiffre ne semble pas trop effrayant ! Les sommes payées comme complément de la garantie pendant cinquante ans ne sont pas des dons gratuits de l’état, ce sont de simples avances : les conventions en stipulent le remboursement avec intérêt à 4 pour 100 dès que le total des produits, du nouveau réseau et l’excédant des produits de l’ancien réseau sur la capacité du réservoir dépassent l’intérêt et l’amortissement à 4,65 pour 100, ou, si l’on veut, dès que les deux réservoirs de recette sont remplis. L’état a d’ailleurs le droit de saisir le matériel des deux réseaux pour le montant de sa dette à l’expiration de la concession ou dans le cas de rachat de la concession. Il est difficile d’évaluer exactement, quel sera le chiffre total des charges que la garantie d’intérêt imposera, au trésor, ni à quel moment le remboursement pourra commencer, car chaque extension des concessions anciennes modifie les conditions du problème. On peut échafauder des calculs sur les accroissemens probables des revenus, mais les prévisions les plus sages ne sont pas, toujours, vérifiées.

Si des mécomptes se produisent pour les compagnies les plus pauvres, l’état trouvera une compensation dans le partage des bénéfices, avec les compagnies les plus riches. Il y aura droit dès que l’ensemble des produits nets des deux réseaux excédera 8 pour 100 du capital dépensé suc l’ancien réseau et 8 pour 400, du capital dépensé sur le nouveau.. (Le Nord, l’Orléans et l’Ouest ont droit, par dérogation à cette règle, non. pas à 8 pour 100 du capital de l’ancien réseau, mais à un revenu kilométrique, déterminé.) Il n’est pas impossible assurément que. ce partage, qui n’est encore qu’un rêve, devienne une réalité ; mais on tend plutôt à mettre les dividendes sur un lit de Procuste qu’à les laisser s’étendre, et l’élévation des dividendes serait la condition nécessaire, du partage. Mettons les choses au pire : supposons qu’il n’y ait jamais de partage de

  1. La part du trésor s’est élevée en 1874 :
    pour l’Est à 12,140,511 francs
    pour l’Ouest à 19,370,550
    pour L’Orléans à 17,331,801
    pour le Midi à 2,968,855
    Les compagnies ont donc reçu en 1874 52,395,904 francs