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exceptions, les voitures de troisième classe. L’aristocratique Angleterre pratique donc l’égalité de la vitesse. Aux États-Unis, comme il n’y a pas plus de distinction entre les classes des voitures qu’entre les classes de citoyens, cette égalité a existé de tout temps. Enfin l’exactitude des correspondances soit entre les lignes des différentes compagnies, soit entre les lignes principales et les embranchemens, est observée aussi rigoureusement que possible, et le service matériel est organisé de telle sorte qu’un voyageur qui doit circuler successivement sur deux ou trois lignes peut arriver à destination sans avoir changé de wagon. Les voyageurs américains jouissent d’avantages analogues. Ajoutons que les combinaisons économiques pour les voyages d’aller et retour, pour les trains de plaisir et d’excursions, etc., sont à la fois très variées et très étendues.

Est-il besoin de rappeler combien l’exploitation française laisse à désirer sur ces divers points ? Si l’on compare les chiffres indiquant le nombre des trains soit express, soit ordinaires, la durée du trajet et la vitesse kilométrique, on relève des différences très sensibles. M. de Franqueville a fait ce travail de comparaison pour les principales lignes en Angleterre et en France, et le résultat mérite d’appeler l’attention de nos compagnies. Il importe également que l’on étudie les moyens d’admettre dans une certaine proportion les voyageurs de toutes classes au bénéfice des trains rapides, et d’établir une concordance plus exacte des trains aux gares d’embranchement.

Ces réflexions générales, à l’appui desquelles il serait trop aisé de produire des chiffres, s’appliquent avec plus de force peut-être aux transports de marchandises. Sur ce terrain, les Anglais sont encore nos maîtres. Réception des colis, écritures, chargement, transport, déchargement, livraison à domicile, toutes ces opérations s’effectuent chez eux avec une rapidité qui est vraiment merveilleuse. La loi ne fixe pourtant pas de délai réglementaire ; elle enjoint seulement aux compagnies d’effectuer le transport dans un délai raisonnable ; mais, comme en Angleterre la raison consiste à faire vite, cette prescription, si élastique dans les termes, est interprétée dans le sens des intérêts du commerce, et les trains de marchandises sont presque aussi directs que ceux des voyageurs. Il en est de même aux États-Unis.

On manquerait d’équité en accablant les compagnies françaises sous le poids de ces comparaisons. Si pour quelques-uns des détails elles auraient déjà dû perfectionner leur exploitation, il est d’autres réformes, et ce sont les plus importantes, au sujet desquelles il leur serait permis d’invoquer non-seulement les circonstances atténuantes, mais encore le complet acquittement. Soumises au