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L'ESPRIT CHRETIEN
ET LA POLITIQUE DE CONCORDE
A PROPOS D'UNE PUBLICATION RECENTE.

En face des périls qui menacent la France et la société, nous sentons plus vivement chaque jour la nécessité de l’esprit de concorde. Telle est du moins l’impression de tous ceux qui mettent le salut de la patrie au-dessus de leurs préférences politiques. De nobles appels sont faits de bien des côtés afin de rendre possibles les mesures préservatrices qui assureront au pays le temps de se recueillir et de réparer ses forces. Ces appels seront-ils toujours vains ? L’entêtement des passions sera-t-il toujours plus fort que les conseils du patriotisme ? Si les fanatiques de droite et de gauche s’obstinent dans leurs prétentions, ne verra-t-on pas du moins, sur la frontière des groupes intraitables, les esprits encore libres d’eux-mêmes se rapprocher du seul drapeau qui doive aujourd’hui rallier les cœurs honnêtes ? Ce drapeau-là signifie l’apaisement des partis, l’ajournement des luttes funestes, la régénération de la France par le recueillement et le travail. Voilà ce que demande le pays, le vrai pays, celui qui est à l’œuvre et à la peine, celui qui porte le poids du jour et qui se préoccupe du lendemain. Les agitations factices ne nous donneront pas le change à ce sujet. La France veut vivre afin de reprendre son rang parmi les nations européennes, et elle ne peut vivre d’une vie forte et féconde qu’à la condition d’écarter toutes les causes de déchirement intérieur. C’est donc un devoir impérieux pour tous ceux qui aiment sincèrement leur patrie de ne pas troubler un repos auquel sont attachées des questions de vie et de mort. S’il y eut jamais une trêve de Dieu que les hommes