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étrangères, italiennes, turques, espagnoles, américaines, dont nos nationaux étaient possesseurs ; enfin ils ont stimulé l’épargne française et ils l’ont absorbée complètement pendant trois ans, la détournant de tous les autres placemens français ou étrangers sur lesquels elle avait l’habitude de se porter.

Nous avons vu que pour trouver les 9 milliards 287 millions qui forment, d’après M. Magne, les charges de la guerre de 1870-1871, environ 8 milliards 800 millions avaient été empruntés par des voies diverses. Les impôts nouveaux pendant les exercices qui ont immédiatement suivi la guerre et d’autres ressources accessoires ont produit le complément de 487 millions.

Ce qu’il importe maintenant de déterminer, c’est le chiffre actuel de la dette publique française. Rien n’est plus facile à connaître que celui de la dette consolidée : il suffit d’ouvrir le budget pour en trouver les élémens et le total ; mais il y a plusieurs autres catégories de dettes dont le relevé exige plus d’attention et de recherches. Les rentes 5 pour 100 s’élèvent à 346,001,605 francs d’arrérages, les 4 1/2 à 37,450,476, les 4 pour 100 à 446,096, et enfin les 3 pour 100 à 364,405,476 francs. Ainsi l’ensemble de la dette consolidée exige une somme de 748,303,653 francs d’intérêts. Au 1er janvier 1870, les intérêts de la même dette montaient à 358 millions de francs en chiffres ronds ; elle est donc plus que doublée. Les autres fractions importantes de la dette publique sont les suivantes : la dette envers la Banque de France, qui est, en capital à l’heure actuelle, de 887 millions de francs, ce qui exigerait 44 millions au moins d’intérêts, si on voulait emprunter cette somme au public pour rembourser ce grand établissement de crédit ; les intérêts et l’amortissement des obligations trentenaires émises en 1862 prennent 2,095,560 francs ; le service des obligations de l’emprunt Morgan réclame 17,759,750 francs ; les intérêts et l’amortissement de la créance aux chemins de fer de l’Est absorbe 20,500,000 francs ; les annuités aux départemens, aux villes et aux communes pour remboursement d’une partie des contributions de guerre qu’elles ont payées prélèvent 17,422,121 francs ; l’annuité à la Société générale algérienne pour l’intérêt et le remboursement de ses avances demande 4,430,000 francs ; des annuités diverses « pour ponts et canaux, etc., montent à 4,384,420 francs ; les annuités aux compagnies concessionnaires de chemins de fer sont aussi une véritable dette, quoiqu’elles soient inscrites au budget des travaux publics ; elles montent, non compris les garanties d’intérêts que nous laissons de côté, à 22,870,000 francs. Il faut encore comprendre dans la dette publique les intérêts des cautionnemens et de la dette flottante, qui sont inscrits au budget de 1875 pour 36,700,000 francs. Il y faut aussi faire entrer toute la dette