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inédits que renferment encore leurs bibliothèques. C’est à peine s’ils l’ont essayé. Il faut savoir gré à M. Sathas de l’exemple qu’il donne, de la tâche qu’il s’est imposée. On sait qu’il existe deux grands recueils des historiens byzantins, celui de Paris, qui date du XVIIe siècle, et l’édition plus récente de Bonn. Ces collections ne sont pas complètes ; de plus elles s’arrêtent à l’année 1453. M. Sathas, sous le titre de Bibliolheca grœca medii ævi, se propose de réunir tous les documens d’histoire encore inconnus qui intéressent l’empire byzantin et la race hellénique. Les bibliothèques d’Orient, celles de Paris, de Londres, de Venise, ont été mises à contribution pour cette œuvre, dont quatre volumes ont déjà paru et qui en comprendra encore un grand nombre d’autres, sans qu’il soit facile de fixer des bornes à des recherches qui s’étendent chaque jour par le fait de nouvelles découvertes. Des Grecs généreux, parmi lesquels il faut citer M. George Mavrocordato, ont voulu contribuer à cette publication en donnant à l’auteur les premiers fonds nécessaires. Le gouvernement d’Athènes a consacré un crédit à une œuvre qu’il considère à juste titre comme nationale.

Les quatre volumes aujourd’hui parus ont des titres qui en indiquent le sujet : Anecdota byzantina, Chroniques grecques du royaume de Chypre, Relations relatives à l’histoire des Grecs sous la domination ottomane, Michel Psellus, un siècle de l’histoire byzantine. Cet ensemble est déjà considérable ; il mérite d’autant plus notre attention que les recueils de ce genre sont moins nombreux, que le zèle nécessaire pour les entreprendre se rencontre plus rarement. En dehors en effet de la Byzantine de Bonn, que trouverions-nous dans cet ordre depuis un demi-siècle qui ait vraiment contribué au progrès de la science ? On connaît l’œuvre du cardinal Maï, en particulier sa Magna Collectio Vaticana et le Spicilegium romanum, celle du cardinal Pitra, les Anecdota de Bekker, de Bachmann, de Boissonade, de Cramer. Si on tient compte de l’époque encore récente où M. Sathas, qui est très jeune, a commencé cette bibliothèque, de la rapidité avec laquelle il la conduit, on peut être sûr que son entreprise sera une des plus vastes qui aient été tentées. Les textes sont publiés avec sûreté, accompagnés de commentaires où les faits précis abondent. Quelques critiques de détail ont été adressées aux deux premiers volumes. Le quatrième, qui paraît aujourd’hui prouve que l’auteur a tenu compte de ces remarques.

Le tome premier ne contient pas de grande chronique suivie, mais des morceaux en général peu étendus et qui se rapportent à des sujets variés. Il s’ouvre par l’acte de constitution d’un monastère que fonda à Rodosto, sur la Propontide, Michel Attaliote, l’historien même que M. Brunet de Presle a édité pour la première fois dans la bibliothèque de Bonn. Ce document résume la vie monastique du XIe siècle en Orient (1077). Il contient le catalogue descriptif des objets précieux conservés dans le trésor de l’église. Les inventaires de ce genre ont rendu les